La mort en procession
La pièce commence dans le noir, peu à peu nous voyons un amas dans un coin de la scène, sont-ce des hardes, des vêtements, sont-ce des corps ? Un amoncellement… Sont-ils vivants, sont-ils morts ? La pièce va nous poser ces questions continuellement…
Et là, quelque chose se dresse, monte, est-ce un drapeau, est-ce une arme ? Un bras, puis deux s’y accrochent et, lentement un corps se hisse et essaie de se soulever… Le soulèvement, un autre mobile de la pièce….
Et peu à peu, lentement, très lentement, à nous faire croie que nous rêvons, des corps émergent, se relèvent, en traînent d’autres, dans un sens et dans l’autre, cherchent une direction, un sens, autre orientation de la pièce.
Furia - Lia Rodrigues - Photo: Sammi Landweer |
Et ainsi, sur une musique qui naît, ethnique et incessante, des chants et rythmes traditionnels de Kanaks de Nouvelle-Calédonie, envoûtants, enivrants, hypnotisants. La petite troupe se forme en procession, lente, hiératique, évolutive, traverse la scène au fond, vient vers nous, tourne vers la gauche, revient et retourne tout en changeant de position, de composition, de vêtements, imperceptiblement. Les individus se séparent et se retrouvent par petits groupes ou un seul se dresse, attire le regard, puis se fait oublier…
Puis ils refont un tour, différent.
Et, de temps en temps, ils se laissent submerger par le rythme, dansent des danses ethniques ou presque comiques descendant du French Cancan.
Et puis la violence sourd, surgit, les affrontements apparaissent, les armes exhibent la violence, les couteaux s’affutent, le corps souffre, la revanche s’affiche et la mort rôde, l’assassinat est dénoncé.
Furia - Lia Rodrigues - Photo: Sammi Landweer |
Le spectacle tout en étant d’une très grande classe esthétique se construit à partir de presque rien, des hardes, une magie de la transformation devant nos yeux, mais invisible quand même et une lumière qui dramatise et des mouvements ,des gestes retenus denses magnifiques, des corps qui changent et se transforment et qui nous emmènent dans un grand voyage, une longue procession, un pèlerinage de révolte.
Lia Rodrigues, chorégraphe engagée, dans les favelas où personne n’ose aller parce que là, bouger c’est risquer de mourir, exporte ici cette pièce, cet hymne de révolte et cette demande de justice pour faire entendre la voix de ceux que l’on n’entend pas habituellement...
Et cela crie très fort dans le silence. Ecoutez et regardez
La Fleur du Dimanche
FURIA
création : Lia Rodrigues
assistante à la création : Amalia Lima
dansé et créé en étroite collaboration par : Leonardo Nunes, Felipe Vian, Clara Cavalcanti, Carolina Repetto, Valentina Fittipaldi, Andrey Silva, Karoll Silva, Larissa Lima, Ricardo Xavier
dramaturgie : Silvia Soter
collaboration artistique et images : Sammi Landweer
création lumières : Nicolas Boudier
remerciements : Zeca Assumpçao, Inês Assumpçao, Alexandre Seabra, Mendel.
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