Le Japon, la Danse contemporaine, ses chorégraphes et ses danseurs.
Pour commencer, dans le studio strasbourgeois du Ballet de l'Opéra National du Rhin, salle Ponnelle, une "conférence dansée" va nous faire rencontrer des danseurs du Ballet et une chorégraphe-danseuse qui est en train de produire une des prochaines création. Le tout animé par un réalisateur et critique Atsukiho Wanatabe.
L'occasion de mieux connaître les individus-danseurs qui viennent du pays du soleil levant ou qui y sont passés et d'avoir un aperçu de leur travail et une expression de leur ressenti de leur travail et de leur expérience.
Riku Ota, jeune danseur de 18 ans qui a déjà dansé dans plusieurs spectacles depuis le début de saison nous présente un extrait du pas de deux de Don Quichote de Marius Petipa, pièce à concours.
Misako Kato présente un bout de la chorégraphie Nicht qu'elle avait créée à Eisenach en hommage à Bach et à l'accueil en Europe - l'Allemagne d'abord, après ses études au Bolchoï et puis un séjour au Canada et un retour au pays natal, et Mulhouse après...
Monica Barbotte, danseuse dont la mère est japonaise enrichit ce panorama d'un autre approche et elle nous propose un extrait de Chaplin dont elle tenait le rôle-titre.
Un court panorama de la danse contemporaine au Japon et des relations historiques des chorégraphes japonais, bien vivantes - une film est en cours de réalisation par Atsukiho Wanatabe sur la danseuse Hannah O'Neill, entrée au Ballet de l'Opéra par concours externe et promue première danseuse en moins de trois ans - se termine par un extrait du film sur le spectacle de Hiroaki Umeda "Holistic Strata"
Avant de clore la conférence par un échange avec le public, Thusnelda Mery qui a travaillé avec Pina Bausch (entre autre dansé dans "Ten Chi", un de ses spectacles inspirés du Japon) nous partage son expérience vécue dans la proximité de travail avec Pina, et également sa propre expérience lors d'une résidence de création à Tokyo.
Et Bruno Bouché, directeur du Ballet de l'Opéra National du Rhin rebondit sur la réponse de Monica Barbotte à la question d'une spectatrice concernant la formation "classique" des danseurs où elle parle du travail avec Ohad Naharin et la danse Gaga, pour présenter la diversité à laquelle s'ouvre le Ballet, et qui va du classique au yoga en passant par toutes sortes de techniques, preuve de l'ouverture de la maison.
Le Japon, la Musique contemporaine et ses compositeurs.
Ensemble Linea - Marie-Andrée Joerger - Antoine Pecqueur - Photo: lfdd |
C'est une composition de ce dernier, In der Tiefe, qui ouvre le concert, sur un air d'accordéon (Marie-Andrée Joerger) et de Basson (Antoine Pecqueur), un dialogue où l'accordéon tire et tiens les sons, soutenus, tenus et ténus quelquefois, et le basson est plus dans une énonciation expressive et volubile.
Atem Lied du même Hosokawa est l'occasion pour Keiko Murakami de montrer toute la force, le puissance et la retenue, l'inspiration variable qu'elle peut avoir à la flûte dans cette pièce physique et métaphysique, au temps suspendu et circulaire où l'on croit entendre les esprits chuchoter.
Ensemble Linea - Keiko Murakami - Photo: lfdd |
Pour Rain Spell de Toru Takemitsu on sent bien l'admiration du compositeur pour Debussy dans une pièce bucolique et reposante, où seule la harpe (Geneviève Létang) apporte quelques accents japonisants dans cet ensemble de flûte, clarinette (Andréa Nagy), vibraphone (Victor Hocquet), piano (Reto Staub) et harpe.
Une danse de Giovanni Antonio Bertoli qui a inspiré Misato Mochizuki est offerte en introduction de Pas à Pas, pièce virtuose, dansante et pleine d'humour pour accordéon et basson. La compositrice qui a fait des études à Paris (CNSMP et IRCAM) et dont le travail a été reconnu par de nombreux prix était d'ailleurs présente pour l'occasion.
Ensemble Linea - Jean-Philippe Wurtz - Photo: lfdd |
Le concert s'est achevé par une troisième pièce de Toshio Hosokawa Smow Dance interprétée par un petit orchestre (flûte, clarinette, piano, violon - Marco Fusi - violoncelle - Johannes Brughoff - et percussion sous la direction de Jean-Philippe Wurtz. La pièce démarre par un silence, renouvelé à plusieurs reprises et qui se remplit au fur et à mesure, qui éclate, rebondit sur la mémoire des sons qui sourdent des instruments. Murmures, frottements et tintements qui se tendent avant une montée en tension, trouée d'éclats brefs mais surprenants, et finissent à nouveau dans un silence sous lequel, au loin, un tram s'éloigne....
Et la soirée s'achève par un échange autour de la création musicale au Japon animé par Eva Kleinitz, initiatrice du festival avec Misato Mochizuki et le chef d'Orchestre Sylvain Camberling.
La Fleur du Dimanche