Mais le respectable ne fait pas partie du film, c'est plutôt l'attente, le suspense, l'anxiété ou une sourde angoisse qui sourd au fur et à mesure que l'on entend que l'on n'entend rien, ou si peu...
Pour commencer, le souffle du voisin, de la voisine, quelques bruits de la rue, le bruit que font les deux danseurs avec leurs gestes introvertis au ralenti, puis, un début de respiration, un souffle caché au creux d'un bras replié, timide ou plutôt farouche.
Mais tout cela dans un film au ralenti, qui creuse l'attente, qui nous fait inventer ces oiseaux qui pourraient s'abattre sur scène, mais qui semblent être dans leur tête. L'histoire s'écrit, toute en attente de l'événement, mais il n'y en aura pas, le rythme s'accélère, le son s'amplifie la respiration devient plus forte, plus présente, se multiplie, et monte en volume et en tension.
Un note de piano ponctue ces souffles, la tension monte....
Et retombe...
We're pretty fuckin' far from okay - Libeth Gruwez - Nicolas Vladyslav - Voetvolk |
Une rampe de lumière nous éblouit, les deux comédiens cherchant un abri l'un chez l'autre, une réconciliation, un repos, mais de repos, il n'y en aura, même si le combat n'est pas violent, la paix n'est pas gagnée, les corps sont farouches et l'étau se resserre sur la lumière... NOIR.
We're pretty fuckin' far from okay - Libeth Gruwez - Nicolas Vladyslav - Voetvolk |
Pour finir, enfermés dans un carré de lumière qui les balaye du devant de la scène pour les plaquer contre le mur, les deux danseurs, d'abord au sol mais forcé de se lever, sont enfermé à la fois dans leur cadre lumineux et dans leur tête. Leurs gestes transpirent la souffrance intérieure, le mal-être dans sa peau. De tics en tocs, ils souffrent ensemble, et séparés, reliés uniquement par leur respiration, qui va à nouveau nous cerner, et leurs gestes de fous aliénés, possédés par des mouvements désordonnés et répétitifs, furieux et blessants....
We're pretty fuckin' far from okay.... Et ce n'est pas gagné !
"We're pretty fuckin' far from okay" est le troisième volet de la trilogie, commencée avec "It's going to get worse and worse and worse, my friend" que l'on a pu voir à Pôle Sud en novembre 2015 (voir mon billet "Le pouvoir du corps, le corps du pouvoir") et "AH/HA"
La Fleur du Dimanche
Mercredi 29 et jeudi 30 novembre à 20h30 à Pôle Sud dans le cadre de la Biennale de la danse Grand Est - Exp.Édition 2017
Avec le soutien de l'Onda - Office national de diffusion artistique
We're pretty fuckin' far from okay
LISBETH GRUWEZ
VOETVOLK
Concept & chorégraphie : Lisbeth Gruwez
Composition, sound design & assistance : Maarten Van Cauwenberghe
Danseurs : Wannes Labath & Lisbeth Gruwez
Dramaturgie : Bart Van den Eynde
Répétiteur : Lucius Romeo-Fromm
Éclairage : Harry Cole & Caroline Mathieu
Direction technique : Thomas Glorieux
Scénographie : Marie Szersnovicz, Lisbeth Gruwez & Maarten Van Cauwenberghe
Costumes : Alexandra Sebbag
Production : Voetvolk vzw / Coproduction : Festival d’Avignon - La Bâtie-Festival de Genève – KVS - Le Phare, CCN du Havre Normandie - Theater Im Pumpenhaus - Les Brigittines - Tandem Arras-Douai - Weimar Kunstfest – Julidans - MA Scène Nationale, Pays de Montbéliard - Troubleyn, Jan Fabre / En résidence : Troubleyn, Jan Fabre - Kunstencentrum BUDA - STUK & Les Brigittines / Avec le soutien de : kc NONA - la Communauté flamande & la Commission de la Communauté flamande
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