dimanche 16 octobre 2016

Le Nobel ça vous chante ? Bob Dylan chante la fleur - ou la pierre - mais Dario ne chante plus la faux

Il était une fois un riche Suédois qui par testament, crée une fondation et des prix pour faire le bien.... Il avait mauvaise conscience parce que ce qu'il avait inventé - et qui l'a rendu riche - a aussi servi à faire le mal: la dynamite.

Cette année, l'attribution du Prix Nobel de Littérature (un de ces prix) n'a pas - encore - fait couler de sang, mais beaucoup d'encre. C'est n'est pas de la dynamite, mais son attribution à un chanteur - qui a appartenu à la mouvance du "Flower Power" -  a élargi ce sujet de discussion d'actualité à des sphères habituellement en dehors des cercles littéraires (citez-moi de mémoire les trois derniers prix Nobel de Littérature... Vous avez de la chance l'avant-dernier était Français - et il a aussi écrit des chansons - voir mon billet du 19 octobre 2014)). 
Un critique (Johan Faerber) a même titré: "La Mort de la Littérature ou Bob Dylan, prix Nobel". Si vous voulez en lire le texte, qui s'achève (après 2166 mots) ainsi: "le prix Nobel de Littérature est mort : vive la Littérature.", il est ici:
"La Mort de la Littérature ou Bob Dylan, prix Nobel"   




Il était une fois.... - Once upon a time...

Mais.... Il était une fois.... Once upon a time.... Robert Allen Zimmerman ou Shabtai Zisel ben Avraham ou Bob Dylan de son nom de scène, chante le folk - influencé par Woodie Guthrie, puis le blues et le rock, en tout cas des chansons souvent engagées socialement ou contre la guerre du Vietnam - voir le Flower Power de l'époque avec les photos de Bernie Boston et Marc Riboud:


George Harris plante des fleurs dans les canons en 1967-  Photo:  Bernie Boston


Jan Rose Kasmir Photo: Marc Riboud

Et même Bob Dylan peint des fleurs, mais bien plus tard, en 2009:


Rose on a hillside - Bob Dylan

Il a aussi chanté - ou plutôt joué - la chanson "Wildwood flower" avec Joan Baez:




Oh I'll twine with my mingles and waving black hair
With the roses so red and the lilies so fair
And the mirtles so bright with the emerald dew
The pale and the leader and eyes look like blue
I will dance I will sing and my laugh shall be gay
I will charm every heart in each crown I will sway
When I woke from my dreaming my idols were clay
All portions of love had all blown away
Oh he taught me to love him and promised to love
And to cherish me over all others above
How my heart is now wondering no misery can tell
He's left me no warning no words of farewell
Oh he taught me to love him and call me his flower
That was blooming to cheer him through life's dreary hour
Oh I long to see him and regret the dark hour
He's gone and neglected his pale wildwood flower

...Il est parti et a négligé sa pâle fleur des bois sauvages.



Je vous offre en prime la balade "Knockin' on Heaven's Door"





Il s'est aussi trouvé dans la mouvance artistique de la Beat Generation - voir l'exposition à Beaubourg où l'on voit le clip "Subterranean Homesick Blues":




Subterranean Homesick Blues

Johnny's in the basement

Mixing up the medicine
I'm on the pavement
Thinking about the government
The man in the trench coat
Badge out, laid off
Says he's got a bad cough
Wants to get it paid off
Look out kid
It's somethin' you did
God knows when
But you're doing it again
You better duck down the alleyway
Lookin' for a new friend
The man in the coonskin cap, in the big pen
Wants eleven dollar bills but you only got ten
Maggie comes fleet foot
Face full of black soot
Talkin' that the heat put
Plants in the bed but
The phone's tapped anyway
Maggie says that many say
They must bust in early May
Orders from the D.A. look out kid
Don't matter what you did
Walk on your tip toes
Don't try "No Doz"
Better stay away from those
That carry around a fire hose
Keep a…

Et puis est arrivé "Like A Rolling Stone", chanson rock engagée..

Like A Rolling Stone

 Once upon a time you dressed so fine
 You threw the bums a dime in your prime, didn’t you?
 People’d call, say, “Beware doll, you’re bound to fall”
 You thought they were all kiddin’ you
 You used to laugh about
 Everybody that was hangin’ out
 Now you don’t talk so loud
 Now you don’t seem so proud
 About having to be scrounging for your next meal

 How does it feel
 How does it feel
 To be without a home
 Like a complete unknown
 Like a rolling stone?

 You’ve gone to the finest school all right, Miss Lonely
 But you know you only used to get juiced in it
 And nobody has ever taught you how to live on the street
 And now you find out you’re gonna have to get used to it
 You said you’d never compromise
 With the mystery tramp, but now you realize
 He’s not selling any alibis
 As you stare into the vacuum of his eyes
 And ask him do you want to make a deal?

 How does it feel
 How does it feel
 To be on your own
 With no direction home
 Like a complete unknown
 Like a rolling stone?

 You never turned around to see the frowns on the jugglers and the clowns
 When they all come down and did tricks for you
 You never understood that it ain’t no good
 You shouldn’t let other people get your kicks for you
 You used to ride on the chrome horse with your diplomat
 Who carried on his shoulder a Siamese cat
 Ain’t it hard when you discover that
 He really wasn’t where it’s at
 After he took from you everything he could steal

 How does it feel
 How does it feel
 To be on your own
 With no direction home
 Like a complete unknown
 Like a rolling stone?

 Princess on the steeple and all the pretty people
 They’re drinkin’, thinkin’ that they got it made
 Exchanging all kinds of precious gifts and things
 But you’d better lift your diamond ring, you’d better pawn it babe
 You used to be so amused
 At Napoleon in rags and the language that he used
 Go to him now, he calls you, you can’t refuse
 When you got nothing, you got nothing to lose
 You’re invisible now, you got no secrets to conceal

 How does it feel
 How does it feel
 To be on your own
 With no direction home
 Like a complete unknown
 Like a rolling stone?



Vigne vierge -Photo: lfdd

Il y a eu un temps où tu portais des vêtements très chics
Tu jetais alors des petites pièces aux clochards,
n'est-ce-pas ?
Les gens appelaient, disaient, "Méfie-toi poupée, il est
sûr que tu vas tomber."
Tu pensais qu'ils se moquaient de toi
Avant tu riais de
Tout le monde qui glandait
Maintenant tu ne parles plus si fort ;
Maintenant tu ne sembles pas si fière
D'avoir à quémander ton prochain repas.

Qu'est-ce que ça fait ?
Qu'est-ce que ça fait
De ne pas avoir de maison,
Comme une parfaite inconnue,
Comme une pierre qui roule ?

Tu es allée à la plus prestigieuse école, mademoiselle
Toute Seule,
Mais tu sais tu t'en es seulement servie comme carburant.
Et personne ne t'a jamais enseigné comment vivre dans la rue;
Et maintenant tu découvres que tu vas avoir à l'apprendre.
Tu disais que tu ne pouvais jamais compromettre
Avec le mystérieux clochard, mais maintenant tu réalises
Qu'il ne vend aucune excuse
Quand tu le regardes dans le vide de ses yeux
Et lui demandes : "Est-ce que tu veux conclure un accord?".

Qu'est-ce que ça fait ?
Qu'est-ce que ça fait
D'être seule au monde,
Sans foyer où revenir,
Comme une parfaite inconnue,
Comme une pierre qui roule ?

Tu n'as jamais changé d'avis pour voir que tu critiquais
les jongleurs et les clowns.
Quand ils se rabaissent tous et font des tours pour toi;
Tu n'as jamais compris que ce n'était pas bien.
Tu ne devrais pas laisser les gens recevoir tes coups à ta place.
Avant tu montais le cheval de chrome avec ton diplomate
Qui transportait sur ses épaules un chat siamois
N'est-ce pas dur quand tu découvres qu'il n'était pas vraiment cool
Après qu'il prend de toi tout ce qu'il pouvait voler.

Qu'est-ce que ça fait ?
Qu'est-ce que ça fait
D'être seule au monde,
Sans foyer où revenir,
Comme une parfaite inconnue,
Comme une pierre qui roule ?

Princesse sur le clocher et tout le beau monde;
Ils boivent, pensent qu'ils ont bien réussi leur vie.
Ils échangent tous les genres de précieux cadeaux et de choses.
Mais tu ferais mieux de lever ta bague de diamant, tu ferais
mieux de la mettre au mont-de-piété bébé.
Avant tu étais si amusée
Du Napoléon en lambeaux et du langage qu'il utilisait;
Va vers lui, il t'appelle, tu ne peux pas refuser.
Quand on n'a rien, on n'a rien à perdre;
Tu es invisible maintenant, tu n'as aucun secret à cacher.

Qu'est-ce que ça fait ?
Qu'est-ce que ça fait
D'être seule au monde,
Sans foyer où revenir,
Comme une parfaite inconnue,
Comme une pierre qui roule ?


Je vous en offre deux versions, celle de Dylan et une avec les vrais "Rolling Stones" juste pour le fun:


Bob Dylan - Like a Rolling Stone Lyrics HD from Jolly Sincere on Vimeo.






Et si vous voulez une réponse "apaisée" aux polémiques, je laisse la parole au chanteur qui dit: "The answer is blownin' in the wind" - La réponse est dans le vent... écoutez:







Petites fleurs  rouges - Photo: lfdd


Laisser parler le poète... 


Laisser parler - ou chanter - le poète, et écoutez-le... Prendre le temps de l'écouter. C'est une leçon qu'un journaliste critique littéraire s'est pris dans la figure sur France Inter, un matin de cette semaine avec une poétesse chanteuse française connue des lecteurs de ce blog: Brigitte Fontaine... Elle a dû se lever tôt - c'est elle qui le dit et chaussée de son bonnet de nuit, elle s'insurge contre le "piège" qu'Augustin Trapenard lui a tendu dans son émission "Boomerang" en ne la laissant pas (assez) parler. C'est un moment de radio drôle et émouvant que vous pouvez entendre (encore un petit moment - cela risque de disparaître un jour) ici:
https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-15-septembre-2016


Je vous offre en prime deux facettes de Brigitte:

L'une, son côté "Belle Abandonnée"

Belle Abandonnée :
Belle abandonnée au désert bouillant 
Tu m’as fait pleurer quand j’étais enfant
Vert pâle adoré, vieux rose béni
Ocre doux aimé, cramoisi chéri
C’est l’après-midi encore en été
Et l’on se relie, les yeux dilatés
Grand jardin sauvage rempli de frissons
Pour les anciens pages et les Robinsons
Ah comme on courait au milieu des buis
Ah comme on aimait les goûters de fruits
La chaleur se calme et la sueur sèche
Un souffle de palme rase l’ombre rêche 
Infante fardée pour quelque intermède
Duègne grisée dans son tutu raide
Cheval attelé lourd et fatigué
Dans les rues cendrées des étés passés
Et le sang sifflait dans les courses folles
Les enfants brillaient, amour sans parole"



Et l'autre pour vous montrer que Brigitte, ce n'est pas du "Nougat":

 





Petites fleurs  rouges - Photo: lfdd

Dario

Et le Dario du titre, me direz-vous, qui est-ce ?
Non ce n'est pas Dario Moreno, mais un autre prix Nobel qui vient de mourir, Dario Fo, grand auteur et metteur en scène de théâtre, Italien, mais dont les pièces, entre autre "Mistero Buffo" ont été jouées en France aussi, même à la Comédie Française. Son théâtre, qu'il fait avec sa femme Franca Rame est très engagé, et le prix Nobel qu'il reçoit en 1997 est une surprise et sujet à polémique - un peu comme celui de Bob Dylan...



Petites fleurs  rouges - Photo: lfdd


Bon dimanche

La Fleur Du Dimanche 

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