Et pourtant, depuis maintenant dix ans, de plus en plus de gens vont voir les spectacles de ce qui est devenu le "Festival des Caves".
Parti au départ à Besançon, essaimant depuis dans presque quatre-vingt villes en France: en Franche-Comté, en Alsace, à Paris et même à Genève, en Suisse.
Cette année, pas moins de 16 créations par l'équipe du Festival, et une vingtaine de création d'autres compagnie qui accordent leur énergie et soutiennent la dynamique en relais dans de nombreuses villes (Dijon, Montpellier, Bordeaux, Nantes, Genève, Vienne, Belfort,...).
Cette dynamique se construit aussi avec des bénévoles, prêtant main forte ou mettant à disposition des lieux, des caves....
A temps de crise, réponse de réseau et de coopération, entre les troupes et les soutiens divers.
Le résultat? De magnifiques créations, libres, sans entrave, pleines d'imagination, pour "(re)lire le Monde autrement". Et tout cela dans des conditions de spectacle exceptionnelles et professionnelles.
De mes spectres... - Simon Vincent - Damien Houssier - Festival des Caves - Photo: lfdd |
Rajoutez-y l'environnement: vous êtes dans une cave (une surprise à chaque fois), vous êtes dans la proximité immédiate de la scène (pas plus de vingt spectateurs) et à deux pas du (ou des) comédien(s).
A Strasbourg, nous avons eu droit, entre autres à un magnifique spectacle, porté à bout de bras - et de souffle - par le comédien Damien Houssier: "De mes spectres...".
Adapté des "Mémoires d'un névropathe" de Daniel Paul Schreber, texte de délire paranoïaque qui fait plus de cinq cent pages, le spectacle emmène le spectateur dans un voyage dans les ramifications de la folie.
Seul sur scène, assis sur un lit et presque nu, le comédien interprétant ce magistrat allemand de la fin du dix-neuvième siècle nous embarque dans ses délires, ses phobies, ses violences et ses abattements sans répit.
Pendant une bonne heure et demie, nous sommes happés par le récit de ses lubies et les accusations ou justifications pour se défendre et essayer de retrouver une normalité. Mais nous sentons bien que la bataille est perdue d'avance. Nous avons devant nous tous les aspects de cette folie dont on commence, à cette époque, à essayer de comprendre les mécanismes et dont on voit les balbutiements de traitement.
Nous découvrons les multiples délires et les formes de complexes de ses manifestations: souffrances physiques ou plaisir intense non maîtrisé, énergie traversant le corps, les nerfs et le cerveau, sentiment de persécution, énergie divine ou solaire, ...
Simon Vincent arrive à nous happer et nous emporter avec son personnage dans des états hypnotiques, tout en nous surprenant par ses changements de rythme et d'état.
Un vraie richesse d'interprétation.
Nous assistons par exemple à une mémorable bataille de clans familiaux qui s'exterminent sur un petit plateau de petit déjeuner... Combat mémorable dont personne ne survit.
Le texte par sa richesse nous permet aussi de saisir les découvertes du début de la psychiatrie et de la psychanalyse en cette fin du XIXème siècle: les mondes extraterrestres, les énergies cosmiques, les soucoupes volantes avant l'heure, le "burn out" même - qui dans un clin d'oeil se transforme en ours brun sur la banquise....
De mes spectres... - Simon Vincent - Damien Houssier - Festival des Caves - Photo: lfdd |
Laissez-vous emporter dans le délire des bas-fonds de l'imaginaire et de la pensée..
C'est un bon électrochoc "culturel".
Bons spectacles
La Fleur du Dimanche
Les prochaine dates pour "De mes spectres..."
Mulhouse: le 9 juin à 19h00
Rioz : le 10 juin à 20h00
Paris: le 13 et 14 juin à 20h00
Dôle: le 16 juin à 20h00
Besançon: les 17, 18, 19 et 20 juin à 20h00
Pour les autres spectacles, le programme est sur le site du Festival des Caves:
http://www.festivaldecaves.fr/la-10e-edition/
bien vu dans l'obscurité des foudres des chais !
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