dimanche 15 novembre 2020

Avant l'Avent, choisir l'an qui vient. En images

 L'année ne s'achève pas encore, mais nous pensons déjà à 2021 en espérant que l'horizon sera moins bouché, à tout le moins moins limité. Nous n'allons pas passer l'année le nez sur notre calendrier, à cocher ou barrer les jours passés, comme un trouffion qui attend la quille. Mais si cela nous pend au nez, autant alors avoir sous les yeux de belles images. Et des images que nous aurons volontairement choisies. C'est ça la magie du numérique et de la vente à distance:

Vous choisissez, vous commandez, vous recevez !


Je vous laisse donc choisir les photographies de fleurs que vous pourrez admirer tout au long de l'année et même après, je l'ai vu, quand vous aurez désossé le calendrier 2021. Mais d'abord, il faut "sélectionner". Je sais, le choix est un moment cruel, il va falloir mettre une croix, non pas sur une, mais deux images pour ne garder que celle qui vous plait le plus. Alors à vous de jouer*:


Janvier 2021 - Choix 1:

Calendrier 2021 - Janvier -  choix 1 - Photo: lfdd

Janvier 2021 - Choix 2:

Calendrier 2021 - Janvier -  choix 2 - Photo: lfdd


Janvier 2021 - Choix 3:

Calendrier 2021 - Janvier -  choix 3 - Photo: lfdd


Allez, petite pause TVA:

"La vérité, pense-t-on, se change en son contraire lorsqu'elle sort de la bouche de ses ennemis" Georges Orwell

Et un "Extrait de "Pourquoi j'écris"



Février 2021 - Choix 1:

Calendrier 2021 - Février -  choix 1 - Photo: lfdd

Février 2021 - Choix 2:

Calendrier 2021 - Février -  choix 2 - Photo: lfdd

Février 2021 - Choix 3:

Calendrier 2021 - Février -  choix 3 - Photo: lfdd


Mars 2021 - Choix 1:

Calendrier 2021 - Mars -  choix 1 - Photo: lfdd


Mars 2021 - Choix 1:

Calendrier 2021 - Mars -  choix 2 - Photo: lfdd


Mars 2021 - Choix 3:

Calendrier 2021 - Mars -  choix 1 - Photo: lfdd


Et comme on arrive à la fin de la première saison, l'hiver, une chanson dans le rétroviseur:

Le Vent de l'hiver par Raphaël:



En bonus, à découvrir, un chanteur canadien Plume Latraverse qui chante aussi l'hiver:



Bon, passons au Printemps:


Avril 2021 - Choix 1:

Calendrier 2021 - Avril -  choix 1 - Photo: lfdd


Avril 2021 - Choix 2:

Calendrier 2021 - Avril -  choix 2 - Photo: lfdd


Avril 2021 - Choix 3:

Calendrier 2021 - Avril -  choix 3 - Photo: lfdd



Mai 2021 - Choix 1:

Calendrier 2021 - Mai -  choix 1 - Photo: lfdd


Mai 2021 - Choix 2:

Calendrier 2021 - Mai -  choix 2 - Photo: lfdd


Mai 2021 - Choix 3:

Calendrier 2021 - Mai -  choix 3 - Photo: lfdd



Juin 2021 - Choix 1:

Calendrier 2021 - Juin -  choix 1 - Photo: lfdd


Juin 2021 - Choix 2:


Calendrier 2021 - Juin -  choix 2 - Photo: lfdd


Juin 2021 - Choix 3:

Calendrier 2021 - Juin -  choix 3 - Photo: lfdd



A suivre... ici:

La fin du calendrier ou la fin des temps


NOUVEAU !  J'ai lancé une collecte sur ulule pour pouvoir imprimer des calendriers pour vous et pour offrir - et j'y ai rajouté de jolies cartes de voeux - Vous pouvez soutenir le projet et je vous offre des cartes et des calendriers - et même des photos grand format si vous voulez en mettre sur vos murs.
Le lien vers ulule, c'est là:


Bonne Année 2020

La Fleur du Dimanche

* Pour faire connaître votre choix, la photo qui vous plait le plus et nous permettre d'établir un palmarès:

1. Sur les réseaux sociaux (Facebook ou Intagram) "liker" la photo préférée du mois.

2. Par mail, envoyer le nom du mois et votre choix 1, 2 ou 3.


Le mail, au cas où vous l'auriez oublié, c'est: lafleurdudimanche(arobase)gmail(point)com  

dimanche 1 novembre 2020

La nuit et le brouillard d'automne: Mikhaïl et Marguerite, et là-bas, Sirima

 Ce 1er novembre, jour de la Toussaint (pas jour des morts) jour de circonstance, je vous offre des fleurs bleues d'été et une Marguerite qui ressurgit du lointain des années 30, dans le Moscou de Mikhaïl, mais d'abord place à la fleur:


Fleur bleue - Photo: lfdd

Je sais que quelqu'un avait trouvé son nom récemment, mais je l'ai à nouveau oublié.... La voici plus près:


Fleur bleue - Photo: lfdd


Pour en revenir à Mikhaïl, Afanassievitch Boulgakov de son nom complet, il dicta sur son lit de mort à sa femme, alors qu'il avait 49 ans, était aveugle et terriblement affaibli, avec une maladie incurable, ce texte:

"Dieux, ô mes dieux ! Comme elle est triste, la terre du soir ! Comme ils sont mystérieux, les brouillards des marais. Celui qui a erré dans ces brouillards, qui a beaucoup souffert avant de mourir, qui a volé au­-dessus de la terre, portant un poids insupportable, celui­-là  ne le sait que trop."

Ce Boulgakov, né en 1891 qui était au départ médecin, puis journaliste, a également écrit des romans comme La Garde blanche, paru en 1925, et Le Roman de monsieur de Molière, achevé en 1933 mais publié en 1963, et il a surtout, de 1930 à sa mort en 1940, écrit et réécrit son roman Le Maître et Marguerite autour du mythe de Faust. Une traduction complète vient enfin de paraître chez Inculte, l'occasion pour le Monde des Livres d'en parler le 9 octobre 2020 sur deux pages (écrites par François Agnelet (Michaïl Boulgakof comme un diable sorti de sa boîte) - et Florence Noirville (Face à la conspiration du silence). 

Florence Noirville en parle de lui jeune:

"Indépendant, le jeune Boulgakov est «un timide qui fait semblant», confie-t-­il lui-­même. Résultat, dès l’école, on le prend pour un meneur. Sa personnalité, cependant, suscite la méfiance. Lui s’en étonne: «La direction du lycée n’était pas bienveillante à mon égard. Je ne sais pourquoi mais ils me soupçonnaient toujours, moi si tranquille, de manigancer Dieu sait quoi. Dans l’ensemble, je n’ai jamais de ma vie eu de chance avec mes supérieurs», confiera-­t-­il à Sergueï Ermolinski, l’un de ses amis fidèles."


Fleur bleue - Photo: lfdd

A propos de son roman Le Maître et Marguerite:

"On en connaît au moins six versions successives – l’une d’elles, intitulée Le Sabot de l’ingénieur, finira au feu – dont on retrouve des traces éparses dans ses autres oeuvres. A cette époque, Boulgakov a encore l’espoir de le voir publié un jour. Mais, désespéré par les refus systématiques auxquels il se heurte, il décide de clarifier sa situation. Non sans audace, il envoie une lettre au gouvernement de l’Union soviétique: «Si ce que je viens d’écrire ne convainc pas et si je suis condamné à me taire en URSS, je demande au gouvernement (…) de m’affecter dans un théâtre en tant que metteur en scène titulaire.» Il évoque aussi la possibilité de s’exiler. Or, surprise, c’est Staline lui-même qui prend son téléphone pour lui répondre. Quelques semaines plus tard, Boulgakov est promu assistant metteur en scène au Théâtre d’art de Moscou."

Il n'abandonne pas et... 

« A terminer avant ma mort », note­-t-­il simplement, en 1937, sur la page de garde. C’est grâce à sa veuve, Elena Boulgakova, que l’oeuvre finira par sortir. Mais il faudra attendre 1966, soit vingt­-six ans après son décès, pour que Le Maître et Marguerite paraisse, dans une version tronquée d’un tiers."

Vous voulez connaître la fin de l'histoire? 

"Le lendemain de la mort de Boulgakov, Ermolinski se trouvait chez l’écrivain, avec Elena. Le téléphone sonna et une voix demanda: «Est-­il vrai que le camarade Boulgakov est mort?» C’était le secrétariat de Staline. « Oui, c’est vrai », dit Ermolinski. Et la voix raccrocha."

Et je vous "offre" un "Extrait" de ce roman, en vous invitant à le lire dans sa version complète:



Je profite de ce jour particulier - et comme j'étais un peu au bord du sujet (bien que..) pour vous rappeler quelques billets du 1er novembre des années passées, en particulier en 2018:

Disparaître, nulle part, ailleurs

En 2017:

Je suis mort... Mais vous allez continuer à me lire parce que je suis éternel... et que j'ai la banane!

En 2014:

Regards sur le passé

En 2013:

Le blanc est une couleur de circonstance.... Toussaint pour l'ouverture..

Et en 2012: 

Le Poids du Monde repose où je citais un titre de livre de Marcel Michaud: 

« Le Poids du monde repose sur les sensibles», avec ce sous-titre facultatif précédé de points de suspension « ... malgré le poids du monde, notre coeur bat et écoute. ».


Et en prime, peut-être de circonstance aussi, une chanson de Jean-Jacques Goldmann, Là-bas, qu'il chantait avec Sirima dont je vous livre le contexte:

"Un de ses amis musiciens lui suggère la chanteuse Sirima, inconnue du grand public qui chante dans le métro. (...) Elle est britannique, d’origine  sri-lankaise, se voit propulsée aux sommets! Mais son compagnon ne supportant pas ce succès et pensant la perdre, la poignarde dans leur chambre d’hôtel, en 1989, elle a alors 25 ans …!"

"Goldman (...) devint le tuteur de l’enfant de 6 ans de Sirima."


Et pour finir, une chanson d'oiseau noir "Blackbird" (le merle) des Beatles pour un peu de douceur



Bon dimanche

La Fleur du Dimanche 



samedi 24 octobre 2020

La Banane de Magalie Ehlinger à INACT: Elle est intacte et pleine d'énergie, mais vas-y moly

 Non, ce n'est pas Maurizio Cattelan qui a inventé la "Banane". Longtemps avant lui (déjà en 2017), Magali Ehlinger en a fait un fruit mythique. Le fruit de Circé qui l'empêcherait de pleurer son ile d'Aiaía - αἰάζειν (pleurer) en voyant Ulysse s'en aller? Un peu comme le Moly qui permet à Ulysse de ne pas subir le charme et l'envoûtement de la déesse?

Mais foin d'Antiquité et de mythes, Magalie Ehlinger dans la performance qu'elle réactive dans le cadre du Festival INACT (23 et  24 octobre et 13 et 14 novembre) se projette totalement dans le XXIe siècle avec les réseaux sociaux, les parcs de loisir et Pôle Emploi qui veille au bonheur des amis des arts.

Festival INACT - La Banane - Magalie Ehlinger - Photo: lfdd


Elle démarre cette performance "La Banane et le complot des gens qui pleurent ‍" - collant noir, tutu jaune et bustier idem, même un noeud jaune banane dans les cheveux - comme un facebook live dans lequel sans prononcer un mot, elle maintient le suspense des spectateurs en effeuillant son scénario qui marie prosaïsme - "je m'appelle Denise" - tout en tenant en haleine le spectateur dans ce "tourne-page" haletant - "J'ai un lourd secret". Elle joue sur l'humour et la distanciation tout en égratignant avec autodérision le procédé des vidéos de témoignages, gouffres de  vacuité et de "néant" et énormes ogres temporels qui noient le poisson dans l'eau des pleurs.

Festival INACT - La Banane - Magalie Ehlinger - Photo: lfdd


Même pour les bananes, il y en a des tonnes, de vidéos, à toutes les sauces et sous toutes les formes, pour la forme ou pour le visage, en dessert ou en cataplasme. Mais Magalie la préfère pure, originale - appellation contrôlée - plutôt que frelatée et déguisée. Car, comme elle se révolte contre le "complot des gens qui pleurent" en appelant la salle au soulèvement, elle va se révolter contre la dissimulation "artistique" d'un travail "alimentaire" - "il faut bien manger" - donc: "distribuez des bonbons jaune haribo" à l'entrée d'un Parc de Loisir (c'est un peu "de l'Art", non?) déguisée en banane. Et cela en deux temps, un premier où elle rejoint ses amis les loups et les lions dans leur enclos (on retrouve le mythe) après s'être rendue compte de l'ineptie de son rôle et de la violence (pour ne pas dire la bêtise) de ses semblables, puis ne se vengeant symboliquement de son conseiller emploi, en lui plantant un coupe-papier dans la main pour l'empêcher de s'envoler vers un ciel de vacuité et en lui offrant en définitive sa "banane".

Festival INACT - La Banane - Magalie Ehlinger - Photo: lfdd


Car elle a de la banane à revendre, de l'énergie qu'elle déploie pendant toute cette performance, autant physiquement, en changeant de rythme, en sautant de droite à gauche, en jouant ces différentes situations avec entrain et en "embarquant" le public comme les marins d'Ulysse en leur temps comme un seul homme avec elle. Sans oublier bien sûr sa capacité à inventer et faire tenir ensemble ce récit à la fois critique et humoristique. Belle performance et belle énergie, contagieuse...


La Fleur du Dimanche

mardi 20 octobre 2020

Samson et Dalila à l'ONR: Glissement progressif vers l'ambiguïté

 L'opéra Samson et Dalila a construit une vieille histoire avec Strasbourg. Créé en Allemagne (un peu grâce à Frantz Liszt) en 1877, elle est jouée dans la Strasbourg allemande en 1900 puis, en 1918, avec, comme spectateur, Camille Saint-Saëns qui a 80 ans. Elle est rejouée de nombreuses fois et encore à l'occasion des 30 ans de l'Opéra National du Rhin en 2003. Aujourd'hui c'est une mise en scène très contemporaine de Marie-Eve Signeyrolle, qui avait mis en scène le Don Giovanni original (avec du public sur scène) l'année dernière qui le remet au goût du jour.


Samson et Dalila - ONR - Marie-Eve Signeyrole - Photo: Klara Beck


Marie-Eve Signeyrolle est à la fois réalisatrice de cinéma, metteuse en scène et autrice d'une pièce musicale, "Soupe Pop" avec les Tiger Lillies. Et nous ne devrions pas être surpris du dispositif de cette représentation.

Quand le rideau s'ouvre, dans un long couloir qui représente une rue, des manifestants arrivent pour, dans un ralenti cinématographique, monter une barricade et jeter des pavés symboliques. Parmi eux, Samson (le ténor italien Massimo Giordano), le visage grimé comme un clown est assis dans un fauteuil roulant, mais grâce à sa force légendaire, il arrive à défaire les Philistins, en tuant leur chef Abimelech qu'il a désarmé et tué.. Ainsi les Philistins fuient. 

Samson et Dalila - ONR - Marie-Eve Signeyrole - Photo: Klara Beck

Le ton est donné, le cinéma, la vidéo (deux cadreurs portant des caméras légères qui retransmettent leurs images en direct sont présents sur le plateau), la mise en scène de cette pièce est complètement dans l'air du temps et des médias. Les images reprises sur un ou plusieurs écrans, nous mettent au coeur de l'action, en gros plan, les personnages nous sont proches, comme sur nos grands écrans familiaux. Le décor, très moderne et froid, défile sur un plateau tournant qui dévoile des espaces (salles de réunion, restaurant, appartements design de Samson ou Dalila,..) dans un défilé étourdissant. L'histoire mythique de ce héros du peuple qui s'est opposé aux occupants philistins, mais qui a aussi perdu son pouvoir et sa force en succombant à l'amour (et à la traîtrise) de Dalila est transposée de nos jours, avec, pour les Philistins un parti conservateur tout puissant (il va gagner les élections dont on voit les résultats en direct à la télévision) et pour les Hébreux, un groupe d'opposition avec banderolles et panneaux revendicatifs. 

Samson et Dalila - ONR - Marie-Eve Signeyrole - Photo: Klara Beck

Nous vivons ce décalage et cette transposition dans une instabilité soutenue, les discours politiques sont muets (même à la télévision), nous devons nous les imaginer, la multitude d'images qui nous sont proposées pertubent notre perception de l'espace (réel et projeté), et les voix des chanteurs et de Dalila nous arrivent de la scène alors que nous nous attendrions à l'entendre en gros plan sonore comme sur les écrans (où la vidéo a en plus un tout petit décallage du fait du dispositif technnique) et nous devons nous resituer constamment vis-à-vis des protagonistes. Même les paroles de l'air "Printemps qui commence" (Acte 1 - nommé Episode 1 comme dans une série télé) prennent une tournure décalée et faussement naïve, chantée par Dalila (la mezzo- soprano Karina Bradic) - "A la nuit tombante / j'irai triste amante, / m'asseoir au torrent, / L'attendre en pleurant" - dont on s'étonne, vu son allure de "responsable communication" du parti qui a le pouvoir, qu'elle puisse évoquer tant de romantisme. Cependant, le jeu dans l'opéra est aussi dans ce décalage entre ce que les personnages disent et/ou pensent et ce qu'ils font, cette tension entre l'amour et la puissance, la fidélité et la trahison, les renversements de situations... que ce soit au niveau politique ou personnel, dans les relations de pouvoir ou d'amour. 

Samson et Dalila - ONR - Marie-Eve Signeyrole - Photo: Klara Beck

Et cette ambiguïté  est intrinsèquement le moteur de la pièce. Ce renversement de situation compte également pour les choeurs qui, du fait de la contrainte des conditions de sécurité sanitaire se trouvent derrière les spectateurs et ainsi les englobent, les incluent, ce qui fait des spectateurs non seulement des témoins, mais aussi de acteurs de ce jeu. L'orchestre Symphonique de Mulhouse, en version légère également, dirigé par Ariane Matiakh arrive à donner suffisamment de force aux passages puissants, même s'il n'arrive pas du fait de sa version restreint à déployer toute la richesse de la partition originale. Les airs orientalisants, entre autres lors de la bacchanale de l'Acte 3 (Episode 3) sont très plaisants et entraînants, bien dansés par les figurants (sous la direction de Julie Compans). Un autre ambiguïté plane sur le sens des masques de Joker (référence aux justiciers dans le cinéma contemporain) que revêtent les Philistins qui participent à la cérémonie finale sous la forme d'une grande fête de célébration.

Samson et Dalila - ONR - Marie-Eve Signeyrole - Photo: Klara Beck 


La mise en scène alerte de Marie-Eve Signeyrole, bien qu'elle sollicite beaucoup le spectateur, lui laisse quand même le plaisir d'un spectacle réussi et entraînant avec une variété de situations originales, construites comme un film policier et qui met en valeur à la fois la musique de la partition jouée par l'orchestre, les chants des choeurs soutenant l'action interprétée par de bons comédiens et les solos et duos des héros - Samson, Dalila et le Grand Prêtre (remarquable Jean-Sébastien Bou, baryton), dont des duos d'amour bien enlevés - et relevés. Il faut aussi remarquer les décors de Fabien Tégnié et féliciter le travail de l'équipe technique et celui des lumières de Philippe Berthommé.


La Fleur du Dimanche


SAMSON ET DALILA


A l'ONR à Strasbourg: le 16, 20, 23, 25 et 28 octobre 2020

A la Filature de Mulhouse: le 6 et 8 novembre 2020

 


Direction musicale: Ariane Matiakh

Mise en scène: Marie-Eve Signeyrole

Assistante mise en scène: Sandra Pocceschi

Collaboration aux mouvements: Julie Compans

Décors et costumes: Fabien Teigné

Assistante costumes: Pauline Kieffer

Lumières: Philippe Berthomé

Conception vidéo: Marie-Eve Signeyrole

Coréalisation vidéo: Laurent La Rosa

Chef de chœur: Alessandro Zuppardo

Orchestre symphonique de Mulhouse

Les Artistes

Samson: Massimo Giordano

Dalila: Katarina Bradić

Le Grand Prêtre: Jean-Sébastien Bou

Abimélech: Patrick Bolleire

Un vieillard hébreu: Wojtek Smilek

Un messager philistin: Damian Arnold

1er Philistin: Néstor Galván

2e Philistin: Damien Gastl

Chœur de l'Opéra national du Rhin

mercredi 14 octobre 2020

Allee der Kosmonauten au Maillon: On a dansé sur un quartier de Lune

 Ce n'est pas l'homme sur la Lune, mais presque, qui nous accueille et nous éblouit à l'ouverture du rideau au Maillon pour le spectacle de danse "Allee der Kosmonauten" de Sasha Waltz. 

Allee der Kosmonauten - Sasha Waltz - Photo: Eva Raduenzel

Assis sur une colonne (qui se révélera être une planche en bois), un danseur souffle dans un sachet en plastique - le geste peut aussi rappeler les sachets utilisés par les jeunes à un moment pour sniffer de la colle, et peut-être que la pièce n'est que la vision délirante de la vie de cette famille dans un grand ensemble de Berlin dans les années 90. Car la pièce est une succession de tableaux animés, dansés, de cette vie de famille où père, mère, grand frère et son amoureuse, et le petit frère et la petite soeur. Sur les écrans de télévision des années 90 empilés à gauche et à droite ou accrochés au-dessus de la scène, défilent des prises de vues de l'intérieur d'un appartement (lampes, papier peint, objets, perruches vertes  dans leur cage) ou de l'extérieur (mobilier urbain, rangement à vélos, bancs, allées avec quelques rares habitants, alignements de constructions ou fenêtres qui dépeignent cette "ville nouvelle" un quartier d'habitat collectif aligné le long de la rue, cette "avenue des cosmonautes" ainsi nommée en hommage au héros de l'Allemagne de l'Est Sigmund Jähn, premier (Est-)Allemand à avoir fait un voyage dans l'espace avec le russe Waleri Bykowski en août 1978. 

Allee der Kosmonauten - Sasha Waltz - Photo: Eva Raduenzel

Le danseur s'agite, simule un jeu vidéo et les bruitages rappellent ces jeux des années 90. Au fur et à mesure, la scène est habitée par des personnages qui surgissent de nulle part ou plutôt en sortent comme des diables de leur boite et jouent les pantins magnifiquement désarticulés - en particulier le père (Juan Kruz) avec sa gestuelle de robot placide et humain, dont les superbes moments où il joue de l'accordéon font passer une réelle émotion dans le spectacle. Les duos souples et sensuels alternent avec des épisodes plus circassiens (jeu avec une planche, plus ou moins large, passage de relai) ou des tableaux animés pleins d'humour qui sont comme des intantanés de la vie en famille (nombreuse) avec les relations père-mère, parents-enfants, les jalousies (la petite fille de son grand frère) ou les moment de tendresse ou de collaboration familiale ("Auf die Arbeit" dit le père en transportant sa planche) et puis quelques mouvements d'ensemble bien emportés. 

Allee der Kosmonauten - Sasha Waltz - Photo: Eva Raduenzel


Cela se termine par une accélération - à l'image comme au son - de ces "tableaux familiaux" quand le fils au sachet revient une dernière fois et que tout le monde s'invective joyeusement. Il y a une belle dynamique dans la pièce, mais l'ambiance globale est un peu surannée, la musique et le son aussi, un petit air d'Ostalgie flotte et nous laisse un goût d'amertume. Le spectacle nous fait revivre un monde oublié, une époque passée, avec tendresse et humanité, et une pincée d'humour. Les rêves du passé s'envolent, et nous ramènent à une réalité un peu grise qui comme le dit une des chansons dans la pièce, "Kalte Augen" de Ralf Bursy (le chanteur de l'ex-DDR):

Kalte Augen seh'n die Wunder nie,

die Abenteuerwelt der Phantasie, 

wir bekommen, was wir sehen woll'n. 

Oft weniger doch niemals mehr.


Les yeux froids ne voient jamais les miracles

le monde aventureux de la fantaisie

On nous donne ce que nous voulons voir.

Souvent moins mais jamais plus.


Allez, je vous mets le tube:




Et voici la bande annonce de la pièce:



Le Fleur du Dimanche


Au Maillon jusqu'au 17 octobre

Avec : Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola, Ageliki Gouvi, Nicola Mascia, Zaratiana Randrianantenaina, Joel Suárez Gómez, Takako Suzuki

Mise en scène et chorégraphie : Sasha Waltz

Scénographie : Thomas Schenk, Sasha Waltz

Costumes : Annette Bätz

Lumière : André Pronk

Vidéo : Elliot Caplan

Musique : Hanno Leichtmann, Lars Rudolph dans Galler Musikverlag

La musique « Kalte Augen » est écrite par : Ralf Bursy avec un texte de Michael Sellin

Composition accordéon : Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola

Dramaturgie : Jochen Sandig

Répétition : Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola

La pièce a été conçue avec et par les danseurs : Nadia Cusimano, Luc Dunberry, Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola, Nicola Mascia, Takako Suzuki, Laurie Young

Coproduction : Schauburg, München / Grand Theatre Groningen / Tollhaus, Karlsruhe / Theater im Pumpenhaus, Münster / Festival Internacional de Dança, Brésil / Siemens Kulturprogramm, Berlin / Munich

Sasha Waltz & Guests est financé par : le Département de la Culture et de l’Europe du Sénat de Berlin

Équipe de Sasha Waltz & Guests :

Assistante de direction : Luisa Perrone

Lumière : Martin Hauk

Technique : Salvatore Giuseppe Judica

Vidéo : Tobias Klette

Costume : Margaretha Heller

Organisation de la tournée : Karsten Liske

Directeur financier : Stephan Schmidt

Direction : Sasha Waltz, Jochen Sandig, Bärbel Kern

vendredi 9 octobre 2020

Les Ateliers Ouverts à Strasbourg et en Alsace: Dernier Week-End

 Depuis 1999 - en un autre temps on aurait parlé de "majorité" -  les Ateliers Ouverts organisés par l'association Accélérateur de Particules permettent au grand public de se rendre dans les ateliers des artistes (partie du logement, atelier, grange, cabane, ancienne usine, synagogue même) et à Strasbourg, également les locaux du "Bastion" ou à la COOP ou, à Mulhouse au Motoco, où certains artistes se regroupent, pour se rendre compte des conditions dans lesquelles ces artistes - jeunes et moins jeunes - créent et montrent leur travail en cours. L'intérêt est aussi de pouvoir échanger librement avec eux et de discuter de leurs oeuvres.

Ces visites, entre la découvertes de lieux originaux et de personnalités intéressantes permettent donc de se familiariser avec l'art vivant en train de se créer et, pourquoi pas, de découvrir de nouveaux talents émergeants ou de suivre le parcours d'artistes que l'on a déjà vus.

Chacun pourra se faire son programme en cherchant soit le nom d'artistes déjà repérés ou de se programmer un parcours en suivant un itinéraire préparé à partir de la carte interactive ici: Ateliers Ouverts - Carte 

Vous pouvez aussi jouer aux dés pour sélectionner les ateliers, la surprise pouvant être bonne. 

Je vous propose pour commencer de vous faire découvrir les premiers de la liste - à voir peut-être dans le désordre 2 - 1 - 3 - 5 - 6 - avant de rentrer sur Strasbourg par le 7 - La Petite école à Berstett (Catherine Zombstay) et puis ou le 11 - La Cabane des Créateurs à côté de la gare de Schiltigheim ou le 12 à Oberhausbergen (Nathalie Ramirez et TOV).

Chez Aymery Rolland à Gries, quatre artistes exposent leurs gravures, Aymery, son épouse Nathalie Rolland-Huckel, Iza Emberger et Solène.

Dans l'atelier de Corinne Kleck, qu'elle partage avec Dominique Haettel, outre les travaux personnels des deux artistes - les sculptures en papier ou les céramiques ou objets sous dômes de verre de Corinne Kleck (dont l'exposition dans le cadre des 1001 est encore visible dans le Musée de l'Imagerie Populaire proche à Pfaffenhoffen - voir mon billet ici) et les peintures et dessins au crayon de Dominique, un travail nouveau, une collaboration avec Robert Becker, à partir d'un choix de ses photos de fleurs sur lequel Dominique Haettel, par sa peinture "éclaire" à sa manière sa vision du monde fabuleux qui s'y tapit. Cette collaboration devrait déboucher sur l'édition d'un livre d'artiste où une sélection de ces "Fleurs Fabuleuses" seraient également "éclairées" ou accompagnées par des textes d'auteurs divers. Je vous donne un aperçu de ces "créatures":


Fleurs Fabuleuses - Robert Becker - Dominique Haettel


Fleurs Fabuleuses - Robert Becker - Dominique Haettel


Fleurs Fabuleuses - Robert Becker - Dominique Haettel


Si vous y passez le dimanche 11 octobre à 15h00 (précises!), vous aurez en prime l'occasion d'assister à la performance  chantée et dansée par Geneviève Charras "Tabula Rasa" dans laquelle vous aurez sûrement l'occasion de parfaire vos connaissances de botanique féérique.

En route vers le Cloître des Recollets à Saverne, avec Marie-Jo Daloz (dont nous avons pu apprécier les peintures récemment à la Galerie de l'Estampe à Strasbourg) et Anne Frenois, passez à la grange de Sophie Bassot à Wilwisheim puis à l'atelier du sculpteur italien Fabio Secco à Steinbourg.


En ville, trois ateliers vus en passant:

Le petit atelier partagé Ilot place des Bateliers avec Julie Rudloff qui s'est reconvertie aux chapeaux et autres couvre-chefs, des bijoutières dont Zoe Kinner-Wolf et qui accueillent aussi la dessinatrice Valérie Etterlin.

Atelier Ilot - Zoe Kinner-Wolf - Photo: lfdd

Atelier Ilot - Valérie Etterlen - Photo: lfdd

Atelier Ilot - Valérie Etterlen - Photo: lfdd

Atelier Ilot - Valérie Etterlen - Photo: lfdd

Atelier Ilot - Julie Rudloff - Photo: lfdd


A côté place du Pont-aux-Chats, l'Atelier Kinostub, bien nommé puisqu'ils ont fait un film sur une tribu en Guyanne, les Teko, mais aussi du dessin et du tatouage "à la main" - c'est Luka:

Atelier Kinostub - Luka - Photo: lfdd



Un peu excentré, l'atelier de Véronique Moser près du quartier des Quinze, et de la cité Rotterdamm avec ses "Ombres d'un doute" et autres bêtes et animaux ainsi que des empreinte empruntant à la foi à Hantai et à la Foi du Christ et de Madeleine - à découvrir:


Ateliers Ouverts - Véronique Moser - Photo: lfdd

Ateliers Ouverts - Véronique Moser - Photo: lfdd

Ateliers Ouverts - Véronique Moser - Photo: lfdd



Hors circuit Ateliers, je me permets de parler d'un exposition qui démarre ce week-end, magnifique, et dans un écrin à la hauteur de sa qualité, dans une ferme du Kochersberg, l'exposition autour du dessin intitulée "Au coeur du dessin" et qui met le dessin, dans sa petite dimension au coeur de l'exposition et au coeur de nos préoccupations. Au coeur aussi de celle des artistes, qui ont créé pour l'occasion comme le dit Germain Roesz "Entre suspens, arrêt et distance, confinement, réflexion et reprise. Mais reprise de quoi, de penser un autre monde, d'imaginer que cela, tout cela pourrait être mieux! L'art se doit à la présence."  Et la présence, elle est là dans cette magnifique ferme, sa cour et ses dépendances (même la cave). Et les oeuvres des 20 artistes s'y déploient avec bonheur: Sabine Brand-Scheffel, Christiane Bricka, Andrea Christl, Michel Cornu, Roger Decaux, Elham Etemadi, Marie-Amélie Germain, Armin Göhringer, Jonas Göhringer, Sima Jahangirian, Martine Missemer, Rainer Nepita, Germain Roesz, Mitsuo Shiraishi, Dan Steffan, Robert Stephan, Gaby Streile, Sylvie Villaume, Raymond-Emile Waydelich, Haleh Zahedi.




Exposition Nicole Buck - cour avec sculpture de Armin Göhringer - Photo: lfdd

Galerie Nicole Buck - Rainer Nepita - Robert Stephan - Photo: lfdd

Galerie Nicole Buck - Robert Stephan - Marie-Amélie Germain - Photo: lfdd

Galerie Nicole Buck - Raymond Waydelich - Elham Etemadi - Photo: lfdd


A suivre...  


La Fleur du Dimanche


P.S. Ne pouvant aller partout je vous mets pour mémoire le billet des ateliers de 2017 où vous pourrez voir en particulier les photos d'ateliers de Corinne Kleck et Dominique Haettel (déjà), Véronique Moser (à Strasbourg) - la deuxième du duo des 1001 - Sophie Bassot et Nadine Utereiner, entre autres.

https://lafleurdudimanche.blogspot.com/2017/05/ils-sont-ouverts-qui-les-ateliers.html