Blog culturel sur les Arts: littérature, danse, théâtre, musique, classique ou contemporaine, jazz, concerts, Arts plastiques, expositions, et des photos de fleurs.
Le feuilleton de l’été continue, après le Coquelicot de Mouloudji, le Jardin de Laforêt, le Tango de Fernandel, la « Chanson qui ne veut rien dire » de Marguerite (Duras) chantée par Hervé (Vilard), aujourd’hui, place à un « Classique »… Je vous emmène là où «tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté.»
La fleur butinée - Photo: lfdd
Vous l’avez deviné, nous sommes « au pays qui te ressemble! », celui de Charles Baudelaire, chanté par un autre « classique » Léo Ferré: http://www.youtube.com/watch?v=d4tZ27VcrM8
Et voici le texte de Baudelaire: L'invitation au voyage Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l'âme en secret Sa douce langue natale. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde. — Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or; Le monde s'endort Dans une chaude lumière. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Charles Baudelaire Bon Dimanche La Fleur du Dimanche
Dimanche dernier, je vous avais promis Hervé Vilard et Duras. C'est l'occasion, en cette année du centenaire, où nous avons déjà rendu compte de la pièce qui a été montrée au TNS à Strasbourg en mai (voir le billet du 22 mai 2014), le Vice-Consul, qui reprend l'histoire d'India Song.. Et c'est aussi, comme je vous le disais dimanche dernier, au moment de la disparition de Yann Andréa, l'occasion de rendre un hommage à Marguerite Duras. Mais d'abord la fleur, un bouquet avec Marguerite, bien sûr:
Bouquet de fleurs sauvages avec marguerite - Photo: lfdd
En tout cas, sachez que Marguerite Duras fut la plus fidèle admiratrice du célèbre chanteur Hervé Vilard, plus connu pour son tube "Capri c'est fini" que pour "India Song". La preuve ici: http://www.hervevilard.com/PLAN/SITEPAGE3MARGUERITE.htm Et voici la chanson: India Song Chanson, Toi qui ne veux rien dire Toi qui me parles d'elle Et toi qui me dis tout Ô, toi, Que nous dansions ensemble Toi qui me parlais d'elle D'elle qui te chantait Toi qui me parlais d'elle De son nom oublié De son corps, de mon corps De cet amour là De cet amour mort Chanson, De ma terre lointaine Toi qui parleras d'elle Maintenant disparue Toi qui me parles d'elle De son corps effacé De ses nuits, de nos nuits De ce désir là De ce désir mort Chanson, Toi qui ne veux rien dire Toi qui me parles d'elle Et toi qui me dit tout Et toi qui me dit tout
Et la relation entre la chanson et la Fleur, me direz-vous? A vous de trouver... Si vous ne croyez pas que Duras adorait "Capri", il suffit de regarder la bande annonce du film "Cet amour-là" réalisé par Josée Dayan en 2002 avec Jeanne Moreau comme interprète de Marguerite Duras, à partir du livre éponyme de Yann Andréa qui est paru en 1999. [Cinéma : cet amour là]par ina Et si vous voulez en savoir davantage sur la relation entre Yann Andréa et Duras, voici un article du Nouvel Observateur du 11 juillet sur Yann Andréa et son livre "Duras mon amour": http://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20140710.OBS3429/duras-mon-amour-par-yann-andrea.html Et un extrait de "M.D.", son premier roman (1983): "Vous regardez longuement la mer, le spectacle immuable qui vous étonne toujours. Vous dites: je ne reviendrai plus jamais ici. On quitte les Roches Noires. Nous laissons le hall, le sable, les enfants. Vous dites: quelle beauté, même en été. Entre les deux sièges de la voiture, je mets une bouteille de vin débouchée. Vous dites: J'ai trop peur, vous devez conduire, moi , c'est fini. Je prends le volant, je suis sans permis de conduire. Autoroute déserte. Je dépasse un camion, c'est la première fois. Silence attentif dans la voiture. Le paysage s'éloigne. Je m'arrête....." En bonus, même si vous l'avez déjà eue en mai, revoici Jeanne Moreau chantant India Song: Et ultime cadeau, le début du film India Song:
Allez, je vous aide, pour la devinette.... Les Roches Noires sont sur la route de Honfleur. Et petit clin d'oeil à la jeunesse, une dernière citation de Yann Andréa dans M.D.: "Votre corps ne vous intéresse pas, vous êtes contrainte de le laisser soigner par d'autres, des gens qui ne savent pas que Lol existe." Et Max, lui il y en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler.. En tout cas Hervé Christiani, lui s'est envolé cette semaine... Et pour clore les bonus, une chanson d'Hervé - pas Chritiani, mais Vilard, moins connue, mais Eric S. (et ses ami(e)s devraient la reconnaître: Bon dimanche et à Dimanche prochain pour de nouvelles fleurs et chansons ... La Fleur du Dimanche
Bleuet, feu d'artifice et morphing de rose sur Notre-Dame de Strasbourg... Et le défilé?, me direz-vous... Je me défile, je commémore à ma façon la prise de la Bastille, la déclaration des Droits de l'homme et les 100 ans mémoriels de la "Grande Guerre". Et je vous offre une Fleur Bleue tenant lieu de Bleuet:
Fleur bleue du 14 juillet tenant lieu de Bleuet - Photo: lfdd
Comme je vous offre en guise de devise, non pas des $ et des €, mais une devise à ma façon: Liberté - Egalité - Bonheur. Car, comme l'année précédente (2013), il est question de "gros sous". C'est bon pour le TVA, surtout que c'est Thomas Piketty, dans son livre, Best-seller en France et même applaudi aux Etats-Unis, "Le Capital au XXIème Siècle", nous donne un peu de matière à réflexion. Je vous laisse les chiffres bruts à étudier: Aux Etats-Unis, an 1929, avant le Krach, l% de la population récupère 29% des revenus. En Europe, la part de patrimoine des 1% les plus riches est passée de 93% en 1910 à 20% en 1970, mais est remontée à 25% aujourd'hui (ce qui n'es pas mal, un centième de la population européenne possède un quart de la richesse). Et en un an leur richesse a augmenté globalement de 16%. Cela s'explique par le fait que la part de revenu national que s'arrogent les 1% les plus rémunérés est passée de 7% à 9% ces trente dernières années. Si cela vous donne mauvaise conscience, et vous rassurer un peu sur le devenir global de l'humanité, sachez que le nombre d'humains vivant avec moins de 1,25 dollar par jour a baissé de près de 2 milliards en 1981 à 1,25 milliards en 2010. Ouf ! Un des conclusions du livre de Thomas Piketty est que globalement pour s'enrichir, il vaut mieux avoir de l'argent (et/ou en hériter). Mais paraît-il l'argent ne fait pas le Bonheur... A ce propos, l'OCDE a mis en place un "indicateur du vivre mieux". Ce service, permet de mesurer le bien-être dans votre région et vous pouvez y contribuer (au bonheur aussi!). Où vit-on le mieux en Europe? Le rapport 2013 classe la France en 13ème position (cela porte bonheur, non ?) en Europe (25ème comparé au reste du monde). Les premières places de ce classement sont monopolisées par des pays européens. On retrouve de la 1ère à la 5ème place: le Danemark, la Norvège, la Suisse, les Pays-Bas et la Suède. Pour ma part, pour contribuer un peu à votre bonheur, je vous offre un aperçu du spectacle d'été à Strasbourg, sur la cathédrale, le morphing de l'apparition des roses sur la rosace et la façade et le final.
Rose sur la Cathédrale de Strasbourg - Photo: lfdd
Roses sur la Cathédrale de Strasbourg - Photo: lfdd
Morphing sur la Cathédrale de Strasbourg - Photo: lfdd
Et, pour le Bal du 14 juillet, un petit bijou, le Tango Corse interprété par Fernandel..
Il semble avoir disparu, alors une autre piste (Piste N° 2)
Dimanche dernier, nous avons inauguré le cycle d'été - sous la pluie, cela ne change pas beaucoup - de la Fleur du Dimanche qui va présenter les poètes ayant chanté les fleurs. Nous avons donc commencé avec le coquelicot et Mouloudji. Marcel Mouloudji, auquel ses deux enfants Annabelle et Grégory rendent hommage à l'occasion des 20 ans de sa disparition en sortant un disque avec de nombreux interprètes dont Louis Chedid, Alain Chamfort, Christian Olivier des Têtes Raides, Daphné, Jil Caplan... Aujourd'hui, nous avons les Iris: "Il est un jardin Enfoui au creux de ma mémoire Un jardin bleu dans le matin Où ont poussé des iris noirs" Pour la photo, la mémoire est plutôt du côté des iris jaunes (voir le billet du 29 mai 2011), ici une autre version:
Iris jaune - Phot: lfdd
La mémoire, elle, se heurte au hasard.... et revient à la mémoire, vous allez voir... Dimanche dernier, alors que je commençais à chercher du côté des poètes et des chansons - dans ma mémoire et celle de la toile mondiale - je trouve une chanson interprétée par Hervé Vilard qui dit: "Chanson, Toi qui ne veux rien dire Toi qui me parles d'elle Et toi qui me dis tout" Cela ne vous rappelle rien ? Non ? Allons plus loin, la chanson vous l'aurez dimanche prochain... entre-temps un épisode surprenant: Ce même dimanche soir, je dîne dans une pizzeria à Paris. Une chanteuse, italienne, s'accompagnant de sa guitare fait l'animation en chantant des chansons italiennes. A un moment, elle s'adresse à moi en me demandant si je venais d'Angleterre. Je lui répond que je suis de ce pays dont Paris est la capitale et elle me propose de me chanter la seule chanson qu'elle ait apprise en français et qu'elle intitule "Chanson d'Amour". Et quelle n'est pas ma surprise d'entendre la chanson d'Hervé Vilard, celle de Jeanne Moreau, celle de Marguerite Duras: India Song.... Le hasard et la mémoire vont encore plus loin, puisque nous avons eu cette semaine, l'annonce de la disparition de Yann Andréa, "qui fut le compagnon de Marguerite Duras de 1980 à sa mort le 3 mars 1996, (annoncé par le Monde" ce vendredi)... retrouvé sans vie jeudi 10 juillet dans son appartement parisien. Il avait 61 ans." Il y est cité avec son roman "Cet Amour-là" «Un jour, je dis: si demain je meurs, si demain je me tue, vous ferez un petit livre dans les quinze jours, je suis sûr que vous le ferez. Elle dit: Yann je vous en supplie, ne dites pas ça, non. Pas un petit livre. Un livre.» Mais vous en saurez plus dimanche prochain... En attendant, après une photo d'"ambiance", le poème du jour:
Un jardin enfoui au creux de ma mémoire - Photo: lfdd
Prière Pour Aller Au Paradis.
Il est un jardin Enfoui au creux de ma mémoire Un jardin bleu dans le matin Où ont poussé des iris noirs Un jardin dont j'ai tant rêvé Oh qu'un jour je puisse y entrer Me reposer à tout jamais Près de la tombe abandonnée De Laura. Je saurai le seuil Au bruit de la grille rouillée L'endroit du puits sous les tilleuls On y buvait des jours d'été, En écartant les giroflées, Les mousses sombres et glacées, Les scolopendres effrayées, Près de la tombe abandonnée De Laura. Oh je voudrais tant mourir en ce jardin A l'ombre calme des grands pins Que s'ouvrent enfin les roses Closes Depuis si longtemps. Il est un jardin Enfoui au fond de ma mémoire Un jardin bleu quand vient le soir Où ont poussé deux lauriers thyms Un jardin où j'ai tant pleuré Oh qu'un jour je puisse y entrer Me reposer à tout jamais Près de la tombe parfumée De Clara Nous aurons des rires Comme des vols de passereaux De grands rires clairs de jeunes filles Des rires frais comme des ruisseaux Comme des rires de gens heureux Nous réinventerons le temps Des jours où l'on avait le temps De parler de jardins en fleurs Et des choses du coeur. Oh je voudrais tant revivre en ce jardin A l'ombre calme des grands pins Que s'ouvrent enfin les roses Closes Depuis si longtemps Là" En connaissez-vous l'auteur ? Non ? Eh bien, c'est Marie Laforêt elle-même, sous le pseudonyme de Françoise They, qui s'est inspirée du livre de Françis Jammes: "Jeunes Filles". Pour forcer le hasard (le coquelicot), je vous offre un poème de ce dernier: "Je la désire Je la désire dans cette ombreuse lumière qui tombe avec midi sur la dormante treille, quand la poule a pondu son oeuf dans la poussière. Par-dessus les liens où la lessive sèche, je la verrai surgir, et sa figure claire. Elle dira : je sens des pavots dans mes yeux. Et sa chambre sera prête pour son sommeil, et elle y entrera comme fait une abeille dans la cellule nue que blanchit la chaleur." Françis Jammes Voici l'interprétation de 1973 de Marie Laforêt de Prière Pour Aller Au Paradis:
La fleur du Dimanche sent qu'un rythme estival est approprié à la saison (même s'il pleut aussi en été), mais... Offrons d'abord les Fleurs du jour:
Rose verte - Photo téléphonée: lfdd
Une rose verte, cela ne vous rappelle rien? non ? Alors retournez voir le billet du 6 avril 2011 - qui a eu quelques visites grâce à la couleur de la rose... Et pour inaugurer le cycle des chansons de l'été, voici une chanson de Mouloudji, dont les paroles ont été écrites en 1951 par Raymond Asso et la musique par sa femme Claude Valery, et qui lui a permis d'être connu. Elle a été enregistrée par Jacques Canetti et a été récompensée par le Grand Prix du Disque en 1953 et le Prix Charles Cros en 1952.
Coquelicots - Photo téléphonée: lfdd
Mais avant, un dernier TVA philosophique - une pensée du Dalaï-Lama: "Si ton problème a une solution, alors il ne faut pas t'inquiéter. Et si ton problème n'a pas de solution... alors t'inquiéter ne sert à rien."
Et voici les paroles de la chanson: "Le myosotis, et puis la rose, Ce sont des fleurs qui disent quèqu' chose ! Mais pour aimer les coqu'licots Et n'aimer qu' ça... faut être idiot ! T'as p' t'être raison ! seulement voilà : Quand j' t'aurai dit, tu comprendras ! La première fois que je l'ai vue, Elle dormait, à moitié nue Dans la lumière de l'été Au beau milieu d'un champ de blé. Et sous le corsage blanc, Là où battait son cœur, Le soleil, gentiment, Faisait vivre une fleur : Comme un p'tit coqu'licot, mon âme ! Comme un p'tit coqu'licot. C'est très curieux comme tes yeux brillent En te rappelant la jolie fille ! Ils brillent si fort qu' c'est un peu trop Pour expliquer... les coqu'licots ! T'as p' t'être raison ! seulement voilà Quand je l'ai prise dans mes bras, Elle m'a donné son beau sourire, Et puis après, sans rien nous dire, Dans la lumière de l'été On s'est aimé ! ... on s'est aimé ! Et j'ai tant appuyé Mes lèvres sur son cœur, Qu'à la place du baiser Y avait comme une fleur : Comme un p'tit coqu'licot, mon âme ! Comme un p'tit coqu'licot. Ça n'est rien d'autre qu'une aventure Ta p'tite histoire, et je te jure Qu'elle ne mérite pas un sanglot Ni cette passion... des coqu'licots ! Attends la fin ! tu comprendras : Un autre l'aimait qu'elle n'aimait pas ! Et le lendemain, quand j' lai revue, Elle dormait, à moitié nue, Dans la lumière de l'été Au beau milieu du champ de blé. Mais, sur le corsage blanc, Juste à la place du cœur, Y avait trois gouttes de sang Qui faisaient comme une fleur : Comme un p'tit coqu'licot, mon âme ! Un tout p'tit coqu'licot." Voici la version de Mouloudji: Mouloudji Comme un p'tit coquelicot Et dans le dernier film de Philippe Claudel, "Avant l'hiver" Leila Bekhti chante cette chanson en générique de fin.... Il faut rester jusqu'au bout du générique pour comprendre, comme il est dit dans la Chanson: "Attends la fin ! tu comprendras"