Je vous avais cité pour le TVA (Texte à Valeur Ajoutée) de dimanche dernier une phrase de lui. Cette phrase est en exergue de son exposition qui se tient actuellement au Centre
Pompidou à Paris, après Londres et Berlin. Gerhard Richter est un grand
artiste. S’il n’en fallait qu’une preuve, c’est celle-ci: en en sortant,
derrière moi, un homme d’âge respectable prend son téléphone portable sur
l’escalator et partage son enthousiasme immédiatement: «J’ai vu une exposition
« For-mi-dable.»
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Gerhard Richter - Centre Pompidou - Paris - Photo: lfdd |
Ce que l’oeuvre de ce très grand artiste vivant – et au demeurant le plus coté d’Allemagne - a de formidable, c’est que ses oeuvres sont «reconnaissables» comme étant de lui, et en même temps, comme il le dit, sans style, ou plutôt avec une diversité de style que le parcours de l’expo à Beaubourg nous rappelle.
Nous commençons par
ce qu’il estime le début de ses travaux - il a détruit les oeuvres antérieures
- quand il arrive à Düsseldorf, fuyant l’Allemagne de l’Est – Dresden - et
fondant avec Sigmar Polke, Blinky Palermo et Konrad Lueg le groupe du «réalisme
capitaliste». Ses tableaux étant souvent des citations – extraits photo ou
photos et textes – de médias dans une copie rigoureuse mais distanciée. Ou des
« ponctions » de réalité photographiques – des nuages, la mer – qu’il
a faites et qu’il transpose sur toile.
Ses vues aériennes
de villes interrogeant les ravages de la guerre.
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Gerhard Richter - Centre George Pompidou - Annonciation d'après Titien - Photo:lfdd |
Après une travail de relecture des maîtres classiques – même à partir de cartes postales - ou de Marcel Duchamp – un de ses maîtres avoués, il en arrive à une abstraction ordonnée avec ses « Nuanciers » et ses « compositions » plus lyriques, résultat de grattages, mélanges et autres manipulations de la peinture sur la toile.
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Gerhard Richter - Centre George Pompidou - Nuancier - Photo:lfdd
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Il passe une période
plus « sombre » où il expérimente le gris et le verre ou le miroir,
incluant ainsi le spectateur dans l’oeuvre.
Une salle est
consacrée à l’interprétation du paysage, avec, entre autres, la série de
quatres paysages « Buhlerhöhe », paysages de Forêt-Noire près de
Baden-Baden, propriété de Burda et qui avait fait l’objet d’une édition par le
Musée de Baden-Baden.
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Gerhard Richter - Centre George Pompidou - Onkel Rudi - Photo:lfdd
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Une salle est
consacrée à ses portraits de proches. Historiques, comme sa tante (avec lui
bébé sur les genoux) qui a été exterminée par les Nazis, et son oncle Rudi, en
uniforme nazi… ou encore de toute intimité avec son épouse Sabine avec bébé. Et
un autoportrait!
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Gerhard Richter - Centre George Pompidou - Morte Triptyque - Photo:lfdd |
Les soubresauts de l’histoire contemporaine ne sont pas ignorés, le 11 septembre faisant l’objet d’un tableau en 2005, de même que la douloureuse histoire de la RAF (Rote Armee Fraktion – Fraction Armée Rouge) qui a vu le patron des patrons allemands Wolfgang Schleier enlevé puis exécuté – le corps ayant été retrouvé en Alsace - marque pour Gerhard Richter le retour à la peinture d’«Histoire» sous
l’intitulé « 18 octobre 1977 ». Il y reproduit les épisodes de
l’arrestation, l’emprisonnement, la mort et l’enterrement des membres du groupe
révolutionnaire Bader-Meinhof.
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Gerhard Richter - Centre George Pompidou - Septembre - Photo:lfdd
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Ses derniers travaux posent la question de la crédibilité de la peinture dans le monde d’aujourd’hui dont il dit: « Mettez un écran dans un musée et plus personne ne regarde les tableaux ». Lui reprend un ancien tableau de 1990, le numérise et le découpe en 8190 bandes successives et en expose l’image en très grand format.
Serait-ce la fin de
la peinture ?
A vous de juger en allant voir cette for-mi-dable exposition
à Paris, au Centre Pompidou, jusqu’au 26 septembre, avec des nocturnes le jeudi
jusqu’à 22 heures. Sinon l’expo est ouverte totue la semaine sauf le mardi de 10h00
à 21h00.
Bonne Expo.
La Fleur du Dimanche.