mardi 4 décembre 2018

Danser Conjurer la peur à Pôle Sud: le texte et le prétexte et le Conseil des Neuf

Traduire l'image en mouvement, la décrypter par le texte sous-jacent ou qui la décrit, creuser et analyser le sens, les sens et les jouer, les déjouer puis les rejouer autrement, voila la proposition de Gaëlle Bourges avec le spectacle "Conjurer la peur" présenté à Pôle Sud ce 4 et 5 décembre 2018.

Elle nous dit: "A partir de la fresque "des effets du bon et du mauvais gouvernement", Conjurer la peur déploie une langue à danser: elle décrit les images absentes et ce faisant les produit, les prolonge, interfère, dévie, ou délire. Mais il s’agit aussi de nous relier à l’histoire des représentations en y plongeant physiquement, et de mesurer ce qu’il nous en reste. La fresque italienne peinte par Ambrogio Lorenzetti était un outil de propagande par la peinture, une proposition de programme politique: résister à la tyrannie, et réapprendre l’art de bien vivre ensemble. C’était à Sienne, en 1338. Hier pour ainsi dire."


Gaëlle Bourges - Conjurer la peur - Photo: Danièle Voisin

Mais après la réalisation de cette fresque de propagande civique peinte par Ambrogio Lorenzetti en 1338-39 et qui fait l'éloge d'une humanité sociale, une ville, Sienne, gouvernée non par un seigneur mais par une assemblée de neufs sages élus pour deux mois, revint la peste tragique, la mort de Lorenzetti et la faillite de la ville. 
De même, le travail chorégraphique de Gaëlle Bourges qui cherche à comprendre et partager cette quête de bonheur va se heurter à la violence et la terreur, à l'horreur.
Cependant, elle creuse les images, le sens, nous les fait lire à l'endroit à l'envers, la Guerre qu'on oublie et qui doit nous faire peur, que nous ne verrons pas de face, et la Paix où se niche le Bonheur, et la Danse. Et les femmes et les hommes réunis, heureux, des plus jeunes au plus vieux, des paysans au chevaliers, au mendiant et à la dame promise au mariage, et la Sécurité qui nous dit que:
"Tout homme peut marcher librement, sans peur,
chacun peut semer et labourer
aussi longtemps que cette commune
conservera cette dame (la Justice) comme souveraine
car aux méchants elle a retiré tout leur pouvoir."

Ainsi, au fur et à mesure, elle, avec ses huit danseurs vont tour à tour nous faire voyager dans le temps, dans les trois tableaux constituant ce chef-d'oeuvre et dans les histoires qu'ils nous révèlent avec les explications qu'elle nous prodigue et qui justifie l'obligation du bien vivre ensemble et du combat contre la domination (du seigneur ou d'un quelconque tyran. Pour arriver à la danse, qui symbolise le vivre ensemble, même si l'acte est vu avec une distance (auto)critique. Ici le "danser" n'est que spectacle, simulation.

Gaëlle Bourges - Conjurer la peur - Photo: Danièle Voisin

Et la chanson qui va dénouer la tension du récit, "Daydreamer" de Radiohead raconte avec la même désillusion cet enjeu:

Dreamers
They never learn
They never learn
Beyond, beyond the point
Of no return
Of no return
...

We are
Just happy to serve
Just happy to serve
You

Les rêveurs 
Ils n'apprennent jamais 
Ils n'apprennent jamais 
Au-delà du point 
De non retour 
De non retour 
...

Nous sommes 
Simplement heureux de 
Juste heureux de 

Vous servir 

Gaëlle Bourges - Conjurer la peur - Photo: Danièle Voisin


Mais il faut continuer à danser.... pour... conjurer la Peur.




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La Fleur du Dimanche



GAËLLE BOURGES
Conjurer la peur

Pôle Sud le 4 et 5 décembre 2018 

Conception : Gaëlle Bourges
Récit : Gaëlle Bourges, avec des emprunts à Conjurer la peur, Sienne 1338 - Essai sur la force politique des images, Patrick Boucheron, Editions du Seuil, 2013 / Discours de la servitude volontaire, La Boétie, Editions Mille et une nuits, juillet 2016 / Qu’est-ce que le commandement ? Giorgio Agamben, Bibliothèque Rivages, avril 2013 / L’insurrection qui vient, comité invisible, La Fabrique éditions, septembre 2015 / Critique - Patrick Boucheron : l’histoire, l’écriture, Revue générale des publications françaises et étrangères, décembre 2015 ; article « L’histoire à chaud », de Gil Bartholeyns / Le derrière de l’histoire et Nos écrans se regardent, nos écrans s’aiment par Paul B. Preciado, articles dans Libération week-end, 13 janvier et 24 février 2017
Danse de et par : Matthias Bardoula, Gaëlle Bourges, Agnès Butet, Marianne Chargois, Camille Gerbeau, Guillaume Marie, phlaurian Pettier, Alice Roland et Marco Villari
Musique : Stéphane Monteiro alias XtroniK avec la complicité d’Erwan Keravec
Utilisation de l’oeuvre « Daydreaming » de Radiohead (album « A Moon Shaped Pool » - XLRecordings) © Warner/Chappell Music Ltd
Avec l’autorisation de : Warner Chappell Music France
Costumes : Marianne Chargois
Lumière : Abigail Fowler
Régie lumière, régie générale : Ludovic Rivière 
Régie son : Stéphane Monteiro
Production diffusion : Maëva Bergeron
Création les 21 et 22 mars 2017   

Complément bonus, la Fresque de la Paix: les effets du bon gouverement en mouvements


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