mardi 12 décembre 2017

Rain d'Anne Teresa de Keersmaeker au Maillon: une trombe de Bonheur

Le terme de "magistral" n'est pas exagéré pour qualifier "Rain", cette pièce historique d'Anne Teresa de Keersmaeker donnée au Maillon pour deux soirs.
La musique de Steve Reich "Music for 18 musicians" porte littéralement le spectacle, les danseurs et le public et emmène tout ce beau mode dans une transe bienheureuse, avec montée en acmé et retour  au calme au bout d'une heure dix minutes d'un nuage nappé de sons répétitifs qui se chevauchent et varient en harmonie et en subtiles migrations sonores.


Rain - Anne Teresa De Keersmaeker - 2016  Photo: Anne Van Aerschot

Et sur scène les trois danseurs et sept danseuses sont à l'unisson de la musique dans un mouvement équivalent, presque perpétuel.
D'abord en déséquilibre et en évitements, dans les courbes qui se croisent et se retrouvent de temps en temps, les dix interprètes construisent une approche et un dialogue dans une variété de corps et de costumes soyeux et proche de la chair, de la peau.
Les mouvements sur le plateau sont aussi hypnotiques que les archets, le piano et les anches de l'orchestre infatigable. Et c'est un réel bonheur de voir bouger ce beau monde et d'attraper ici et là des bribes de dialogue, des mouvements d'ensemble qui se brisent, de duos ou des trios aléatoires, des rassemblements qui éclaboussent aussitôt, des courses folles et des mouvements que l'on croirait calqués sur l'agitation moléculaire mais qui est millimétrée au cordeau, à l'image de ces lignes de fuite tracées sur la scène.



Rain - Anne Teresa De Keersmaeker - 2016  Photo: Anne Van Aerschot

De même, les changements d'ambiance, de couleur - même des costumes des danseurs qui soudain sont habillés différemment - on passe du brun chair à des dominantes rouges ou jaune brillant ou bleu - tout comme on passe de cette ambiance instable à des chutes au sol, un épisode super dynamique ou quelques passages tirant vers le combat au corps à corps pour finir dans un laisser-aller sensuel après avoir expérimenté les gestes de l'amour.


Rain - Anne Teresa De Keersmaeker - 2016  Photo: Anne Van Aerschot

Il faut saluer la performance remarquable de cette magnifique troupe de danseurs, tous magnifiques -  Laura Bachman, Léa Dubois, Anika Edström Kawaji, Zoi Efstathiou, Yuika Hashimoto, Laura Maria Poletti, Soa Ratsifandrihana, Frank Gizycki, Robin Haghi, Luka Švajda, qui nous amènent à bout de souffle au bout de ce déluge de danse et d'énergie et nous abandonnent dans l'immobilité et la silence après une dernière surprise.


Rain - Anne Teresa De Keersmaeker


Le Fleur du Dimanche


RAIN
Au Maillon Strasbourg, le 12 et 13 décembre à 20h30 - présenté avec le Kulturburo Offenburg

Chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker
Interprètes : Laura Bachman, Léa Dubois, Anika Edström Kawaji, Zoi Efstathiou, Yuika Hashimoto, Laura Maria Poletti, Soa Ratsifandrihana, José Paulo dos Santos / Frank Gizycki, Robin Haghi / Lav Crnc`´evic´, Luka Švajda / Thomas Vantuycom
Musique : Music for 18 Musicians, Steve Reich
Scénographie et lumière : Jan Versweyveld
Costumes : Dries Van Noten
Production 2001 : Rosas et De Munt / La Monnaie
Coproduction 2016 : De Munt / La Monnaie / Sadler’s Wells / Les Théâtres de la Ville de Luxembourg
Première : 10.01.2001, De Munt / La Monnaie
Rosas est soutenu par : la Communauté Flamande

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