vendredi 24 novembre 2017

Les Percussions Live@Home 10 : Whiplash fouette la musique, la peau, le bois, le métal

Pour leur dixième soirée où les Percussions de Strasbourg nous reçoivent chez eux, le programme est de choix. Entre la création du jour d'une pièce de Stéphane Magnin Whiplash et une autre historique - de 1979 - pour l'ensemble de l'époque par Iannnis Xenakis, Pléiades, une troisième, au centre, de Francesco Filidei commandé par la Fondation Royaumont: Il Funerali dell'Anarchico Serantini, tous tissent le fil de force et de violence fouettée et battue.

Il faut également saluer la scénographie qui lie et dynamise le déroulé des trois pièces qui s'interpénètrent et se répondent en écho, dès le lever de rideau qui présente le programme par des tableaux muets. 

La partie "Peaux" de Pléiades de Xenakis nous entraîne dans une boucle de percussions avec des variations de rythme et de puissance, quelquefois en décalage, des montées entrecoupées des périodes plus calmes qui roulent et qui tournent.


Percussions de Strasbourg - Whiplash - Stéphane Magnin - Photo: lfdd


Puis la surprise du début de Whiplash I de Stéphane Magnin qui démarre dans un presque silence à dresser les oreilles. Oreilles qui vont bientôt siffler comme les coups de baguettes qui strient l'air en rythme et en déconstruction du rythme, soutenus par des grondements sourds ou des inspirations. La deuxième partie de Whiplash fait la part belle à la percussion de deux bouts de bois, manipulés et battus par les six percussionistes, quelquefois à l'aide de maillets.


Percussions de Strasbourg - Il Funerali dell'Anarchico Serantini - Francesco Filidei - Photo: lfdd


Pour la pièce de Francesco Filidei "Il Funerali dell'Anarchico Serantini", nous somme face à une table d'un procès où ont pris place les six percussionnistes, silencieux et qui nous toisent en silence puis vont, dans un grondement invisible, installer une certaine tension qui va se libérer dans un cri muet, puis dans des gestes saccadés, complétés de sons de plus en plus agressifs et dans une danse mécaniques, mascarade et hommage à Francesco Serantini, l'anarchiste italien mort en 1972.

Percussions de Strasbourg - Pléiades - Peaux -Sixxen - Iannis Xenakis - Photo: lfdd


La troisième partie de Whiplash marie le bois et le métal sur des modalités variées et plus sereines. Puis vient le passage "Métaux" de Pléiades pour lequel a été créé le sixxen (Six pour les six percussionnistes et Xen pour Xenakis), instrument conçu par Xenakis à l'occasion de la création de la pièce. Son son qui va des cloches de vaches à celles des églises avec des accents de gamelans balinais et la partition de Xenakis permet aux percussions d'en extraire toutes les variations autant en termes de rythme que de vibration ou de sonorité. Et la disposition en cercle - infernal - concourt à transformer nos six percussionnistes en magiciens du son en diable.


Percussions de Strasbourg - Il Funerali dell'Anarchico Serantini - Francesco Filidei - partition - Photo: lfdd

La dernière partie de Whiplash de son côté semble marier et reprendre toutes les pièces et les ambiances que nous avons pu apprécier lors de cette soirée. Commençant par un battement sourd et inquiétant, coeur qui irradie au fur et à mesure autour de la scène, puis monte en puissance et nous emporte dans un cyclone de percussions en roulement et en écho, pour finir en beauté dans une union aboutie de peau et de métal en extase.

Les multiples rappels du public prouvent que les vibrations sont passées.

La Fleur du Dimanche

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