mercredi 15 novembre 2017

Le Ballet du Rhin danse les grands chorégraphes du XXIème siècle: Magistral

Ouverture de saison pour le nouveau directeur du Ballet du Rhin avec au programme, un trio magistral. Tous les trois, élèves de John Cranko et Maria Haydée à Stuttgart et ayant eu une carrière mondiale, Uwe Scholz, Jiri Kilian et William Forsythe ont réinventé le langage classique de la chorégraphie, chacun à sa manière. Et c'est une très belle initiative de proposer trois pièces "Forsythe · Kylián · Scholz" presque toutes les trois de la même durée (environ une demi-heure) pour une soirée qui va nous emmener dans ces trois univers.


Ballet du Rhin - Jeunehomme - Uwe Scholz - Photo: Agathe Poupenay


Celui qui démarre la soirée, c'est Uwe Scholz, avec Jeunehomme, sur des mouvements du concerto pour piano N° 9 de Mozart, frais, alerte et enjoué. Le piano, dansé par un virtuose que l'on devine à l'aube d'une grande carrière, le japonais Riku Ota, finaliste du concours du Ballet de Lausanne 2017 et qui est aux cours de la John Cranko Schule à Stuttgart amène dès l'entrée un souffle frais et rafraichissant sur scène. Les duos, par paires de six ou avec deux duos féminins complètent l'énergie, les traversée, entrées-sorties, pleines d'énergie. Les mouvements d'ensemble et la danse très physique, mais légère nous entrainent dans une belle dynamique, avec quelques accents qui s'ancrent dans des ensembles folkloriques, sans renier la grammaire classique des taquetés ou de quadrilles. Le décor, claire partition musicale, met en valeur les costumes originaux, à motifs géométrique et colorés dont la couleur différente sur le buste et le dos apporte un espace ou un mouvement supplémentaire pour les couples.


Ballet du Rhin - 27'52 - Jiri Killian - Photo: Agathe Poupenay


La deuxième pièce 27'52 de Jiri Kilian sur une musique de Dirk Haubrich joue sur plus d'intimité, avec six danseurs, souvent en duos, variés, pour les femmes Red (Susie Buisson), Yellow (Monica Barbotte), et Purple (Dongting Xing) qui vont varier les expressions, au rythme de la musique qui varie elle aussi, d'abord ondulante, puis jouant plus sur le choc, la frappe, et la chute, pour revenir à des enroulés et le tournoiement, pour terminer sur une fragilité - une nudité pour la femme, qui se clôt par des une surprise de mise en scène (scénographique), qui est annoncée par les enroulés de tapis changeant de couleur - du noir au blanc ou du blanc au noir, tapis qui deviennent huttes ou abris mais aussi piège et danger pour les danseurs.


Ballet du Rhin - Quintett - William Forsythe - Photo: Agathe Poupenay


Quintett, la chorégraphie de William Forsythe sur une pièce de Gavin Bryars Jesus Blood Never Failed Me yet ("Le sang de Jésus ne m'a encore jamais manqué") est une pièce hypnotique et envoutante. La mélodie, chantée par un vieil homme, et qui arrive de loin, se rapproche et nous englobe dans une mélopée qui se construit, tourne et se répète à l'infini en montant en crescendo avec les boucles de l'orchestre qui ne nous lâchent pas, reprennent après chaque prise de souffle du vieillard et en paralèlle les danseurs qui eux aussi rentrent, sortent, se brisent, se désarticulent, virevoltent l'un sur l'autre ou se transmettant une énergie qui coule et se transforme, et ainsi participent à ce va-et-vient entre l'énergie et le vide, entre le dialogue et le retrait, entre la vie et la mort.
Il faut relever la qualité de danse toute "Forsythienne" de cinq interprètes, autant les deux femmes, la petite bleue (Ana-Karina Enriquez Gonzalez et la grande orange Susie Buisson, ainsi que des trois garçons: Jean-Philippe Rivière, Mikhael Kinley Safronoff et Marwik Schmitt.

Une magnifique soirée avec un superbe niveau d'interprétation qui nous emporte ailleurs et nous laisse que des bons souvenirs.

La Fleur du Dimanche

P.S. La mort a porté son ombre autour de ce spectacle: Quand Forsythe a créé la pièce Quintett en 1993, sa femme se mourrait d'un cancer. Et le spectacle du 14 novembre était dédié à Didier Merle Schmid, danseur et maitre de ballet du Ballet de l'OnR pendant presque 40 ans.

Générique

JEUNEHOMME / Uwe Scholz
Pièce pour 21 danseurs
Création en 1986 par les Ballets de Monte-Carlo
Entrée au répertoire en 2000
Danseurs: Riku Ota, Donting Xing, Alain Trividic, Monica Berbotte, Julia Bergua Orero, Clara Lefevre, Anna-Maria Maas, Alice Pernao, Alessa Rogers, Monica Babotte, Ana-Karina Enriquez Gonzalez, Misacko Kato, Susie Buisson, Francesca Masutti, Nichola Jones, Mikhael Kinley Safronoff, Pierre-Emile Lemieux Venne, Jesse Lyon, Valentin Thuet, Hénoc Waysenson

Chorégraphie, décors et costumes
Uwe Scholz
Musique Wolfgang Amadeus Mozart


27’52’’/ Jiří Kylián
[Entrée au répertoire]

Pièce pour 6 danseurs
Création en 2002 par le Nederlands Dans Theater II

Chorégraphie et décors Jiří Kylián
Musique Dirk Haubrich
Costumes Joke Visser
Lumières Kees Tjebbes

QUINTETT / William Forsythe
[Entrée au répertoire]

Pièce pour 5 danseurs
Création en 1993 par le Ballett Frankfurt

Chorégraphie William Forsythe 
en collaboration avec Dana Carpersen, Stephen Galloway, Jacopo Godani, Thomas McManus, Jones San Martin
Musique Gavin Bryars
Décors et lumières William Forsythe

Costumes Stephen Galloway

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