samedi 7 octobre 2017

L'Orchestre Philarmonique à Musica: Rencontre au sommet de la Marche funèbre et de la Danse Macabre

Quand le répertoire classique rencontre la musique contemporaine, c'est à Strasbourg, forcément que cela se passe.

A l'occasion de l'ouverture de saison de l'Orchestre Philarmonique de Strasbourg, le public des deux institutions musicales de la Ville (comme c'était d'ailleurs le cas pour l'Opéra avec la création française de l'oeuvre de Philippe Manoury kein licht - voir mon billet du 22 septembre) s'est retrouvé au Palais de la Musique et des Congrès pour la "clôture" (avant l'heure) du Festival Musica lors d'un concert dédiée à la mémoire de Marcel Rudloff (ancien Maire de Strabourg et président de la Région Alsace qui avait bien soutenu le lancement de Musica).

Au programme, lors de la deuxième soirée, le vendredi 6 octobre, chamboulé suite à l'impossibilité de la mezzo-soprano Christiane Stotijn de chanter et remplacée au pied levé par Caroline Krogius, deux oeuvres qui se répondaient dans la thématique: La Symphonie N° 3 en mi-bémol majeur Sinfonia Eroica de Ludvig van Beethoven et Totentanz de Thomas Adès.


Musica 2017 Philharmonique Strasbourg -  Marko Letonja - 3ème Symphonie - Beethoven - Photo: lfdd


C'est la Symphonie Héroïque qui a ouvert le feu sous la direction de Marko Letonja. L'orchestre a su rendre la finesse et la puissance de cette "grande symphonie" - presque la plus longue du compositeur, tout en finesse, mais aussi en puissance, avec les vents et les percussions. De même le jeu des cordes a bien monté la tensions  de la salle, même si aujourd'hui, la réception de la pièce n'est plus sujette à critique, ayant plutôt statut de "tube", dont certains mouvement sont repris  plus ou moins discrètement par les spectateurs, chef d'orchestres d'un soir. Et la "Marche funèbre du deuxième mouvement, héroïque à souhait (même si le dédicataire initial, Napoléon, a été rayé d'un coup de crayon rageur par Beethoven.


Totentanz


Cette marche funèbre a bien annoncé le "Totentanz" de Thomas Adès, qui, avec toujours l'Orchestre Philharmonique, a donc rassemblé Caroline Krogius qui chante les paroles des humains (Pape, empereur, évêque, cardinal, roi, moine, chevalier, maire, médecin, usurier, marchand, sacristain, artisan, paysan, jeune fille et enfant) et Adrian Eröd, baryton qui est le récitant et la Mort.
Dans le texte, la Mort passe tout le monde en revue pour les emmener avec elle et quitte le monde des vivants, en leur ôtant leurs pouvoirs terrestres ou leur travail (les artisans n'étant pas bien lotis) ou simplement leur vie (l'enfant devant danser la danse de la mort sans même avoir appris à marcher....   


Totentanz


La Mort
Zu diesem Tanz ruf ich alle ein,
Papst, Kaiser, Mönch und Bauer!
Wenn ich komme, groß und klein,
hilft euch allen keine Trauer.
Bedenket ihr zu aller Zeit,
gute Werke mitzubringen,
Um eure Sünden zu verzeih’n.
Ihr müßt nach meiner Pfeife springen!
...
La Mort à l'artisan
Handwerker, Schurken allgemein!
Ihr achtet wohl auf alles Klein.
Sich wechselseitig gern betrügen
Und dies und das zusammenlügen.
Ihr denkt so selten an der Tod
Der Euch wie allen and’ren droht
Für euer Seele wird es schwer.
...

La Mort à l'Enfant
Nimm zarter Säugling an den frühen Sensenschlag.
Und schlaf hernach getrost bis zu dem Jüngsten Tag!

L'Enfant
O Tod wie soll ich das verstehen?
Ich soll tanzen und kann nicht gehen!


Musica 2017 Philharmonique Strasbourg -  Marko Letonja - Totentanz - Thomas Ades - Photo: lfdd


La musique monte en crescendo tout au long de ce dialogue repris et répété, dans une furieuse envolée pleine de bruit et de fureur, pour terminer dans un apaisement avec les derniers personnages et s'éteint en un souffle avec le "Tanzen" répété à mi-voix.

Le choix du programme fut judicieux et, même avec l'inversion du classique et du moderne, la salle est restée attentive et convaincue jusqu'au bout. Comme quoi on est toujours le contemporain de quelqu'un...


La Fleur du Dimanche

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