mardi 25 juillet 2017

Souffler, respirer, Paris, l’été... Les vacances et les spectacles...

L’été, c’est fait pour souffler. En général, on se décale, on se repose, on change de cadre, on en profite aussi pour aller voir des spectacles que l’on n’aurait pas vus au long de l’année.
L’été, c’est toute une série de festivals - théâtre, danse, musique classique, jazz, spectacle de rue ou dans des lieux insolites,… - dont  le Festival d’Avignon, véritable pèlerinage pour les fervents amateurs.

Je ne vais pas vous raconter le festival d’Avignon, juste vous parler d’un spectacle ou plutôt d’un personnage, ou d’une personne, Christina Vidal, dont le métier, devenu de plus en plus rare – il n’y en a plus en France et elle est la dernière dans son pays, le Portugal – était crucial au théâtre : souffleur.
Je vous avais parlé le 28 mai 2017 dans mon billet "By the heart, par coeur, pour le coeur, sinon j'oublie" du "par coeur" sous l’angle des livres (appris par cœur) et du théâtre.  Avec la pièce de Tiago Rodriguez "Sopro" - Le Souffle, le sujet de la pièce c’est non pas l’acteur qui apprend par coeur, mais le souffleur, qui bien sûr connait le texte aussi par coeur, mais qui le lit à chaque représentation pour pouvoir guider et aider l’acteur. Et la pièce se base donc sur le "personnage" de Christina Vidal et ce qu’elle a fait pendant 39 ans et sa relation aux acteurs, au théâtre. Christina Vidal qui interprète ce personnage qui pourrait être elle-même…
Dans son entretien avec Anne Diatkine, intitulé "Christine Vidal, souffleuse de vers" dans Libération du 9 juillet, à la question sur les qualités qu’il faut posséder pour être une bonne souffleuse, elle répond : "Aimer sans relâche le théâtre et accepter un travail difficile car les acteurs sont des êtres compliqués. Quand on leur souffle un mot parce qu’on sait qu’il leur échappe, ils peuvent s’énerver. Si on ne leur souffle pas, ils se plaignent de nous attendre. En tout état de cause, quand on intervient, c’est un moment où ils se sentent pris en faute, humiliés. Il faut avoir beaucoup de doigté. Mais il y a une relation de confiance et d’amitié avec la plupart des comédiens car on entre dans leur intimité. Ils me préviennent avant d’entrer en scène : « Fais attention à moi.»".

Festival Paris l’Eté

Appelé précédemment Paris Quartier d’été, ce qui convenait bien à cet état d’esprit où l’on peut se mettre pour se sentir ou se croire en vacances, le Festival Paris l’Eté, comme son nom l’indique en partie, est constitué d’une série de manifestations, de spectacles (payants) et d’animations (gratuites) à Paris mais aussi autour de Paris, avec de la musique, de la danse, du théâtre ou du théâtre dansé, des concerts et du cirque.. Les lieux vont du Théâtre le Montfort à celui de Paris Villette ou le Lycée Jacques Decour ou encore Radio France ou le parc Georges Brassens ou Le Louvre (qui a retransmis une journée d’Avignon dans la cour Carrée le 18 et 19 juillet) ou le Musée Picasso ou dans la rue ou des places.

Le Lycée Jacques Decour dans le 9ème arrondissement est un lieu qui concentre pas mal de spectacles, certains dans la cour, d’autres dans une salle et la chapelle du lycée (oui, il y a une chapelle dans ce lycée) accueille aussi un spectacle de musique et de danse avec Sonia Wieder-Atherton au violoncelle et Shantala Shingalippa à la danse: Bach Sonia Shantala. La rencontre de ces deux personnalités est impressionnante. Pour qui connait Sonia Wieder-Atherton, son interprétation d’une suite de Bach n’est pas une surprise, elle fait vivre son violoncelle avec une douceur et une humanité pleine de sensibilité et nous en tire des sons qui nous fond fondre. Le dialogue avec la danseuse Shantala Shingalippa  est surprenant au premier abord, sa force et sa puissance, sa présence et ses yeux noirs, ses coups de pieds et ses frappes font monter une tension qui lui fait marquer son territoire à la première suite. Sur les trois autre, un apprivoisement entre les deux interprète s’opère, un dialogue se noue et une complicité amicale et tendre s’installe pour arriver à une écoute attentive qui se conclut par un hommage à la musique et son interprète au denier mouvement. Le public lui aussi charmé rend un bel hommage aux deux artistes.


Bach - Sonia Wieder-Atherton - Shantala Shingalippa - Photo: lfdd

Bach - Sonia Wieder-Atherton - Shantala Shingalippa - Photo: lfdd

Bach - Sonia Wieder-Atherton - Shantala Shingalippa - Photo: lfdd


Bach - Sonia Wieder-Atherton - Shantala Shingalippa - Photo: lfdd

Bach - Sonia Wieder-Atherton - Shantala Shingalippa - Photo: lfdd

Bach - Sonia Wieder-Atherton - Shantala Shingalippa - Photo: lfdd


Bach - Sonia Wieder-Atherton - Shantala Shingalippa - Photo: lfdd


Shantala Shingalippa va se retrouver avec Sidi Larbi Cherkaoui dans un autre dialogue pour le spectacle Play – hommage à Pina Bausch qui les avait fait se rencontrer sur scène encore au Lycée Decour du 27 au 30 juillet à 21h30.

Egalement au Lycée Decour, avec une échappée dans la rue Paul Belmondo, c’est la carte blanche à la Compagnie Adhok avec Immortels et Echappées Belles, où Doriane Moretus et Patrick Dordoigne vont déployer la destinée humaine dans quatre spectacles qui avec deux équipes vont décrire d’abord avec Le Nid et l’Envol, les débuts dans la vie d’une petite communauté où l’on assiste à l’éclosion de cette faune qui grandit, prend son envol et quitte le nid pour expérimenter la vie et les relations humaines. Et dans Issue de Secours et Point de fuite, ce seront des interprètes d’âge mûr (de 60 à 80 ans) qui vont, dans un théâtre dansé, frais et généreux nous montrer les aléas de l’âge et de la fin de vie sous un jour drôle et dynamique. Et l’enthousiasme de la petite troupe est contagieux.

Un autre spectacle, celui de la compagnie de danse Alias de Guillermo Botelho, Sideways Rain, a lieu lui dans une autre cour du lycée. Et on peut dire que ce spectacle est un véritable choc, une surprise de taille. Pendant une heure, nous avons droit à un flot ininterrompu de danseurs – ils sont quinze – qui traversent la scène de gauche à droite, d’abord doucement, en marchant sur les pieds et les mains, puis en glissant, en roulant, en culbutant, en tourneboulant, en marchant, en avant ,en arrière, en sautant, avec des saltos, et toutes sortes d’attitudes et dans des variations de nombre ou de rythmes tels qu’on en arrive à un point où l’on perd les repère et qu’un danseur immobile semble glisser sans bouger vers la gauche de la scène. Il faut saluer la performance de ces quinze danseurs qui ne faiblissent pas et nous emmènent dans un déluge de mouvement et d’énergie, portés par une musique créée par Murcof, tout à fait adaptée à construire cette ambiance hypnotique, et fortement aidée par la création lumière de Jean-Philippe Roy qui transforme ces corps en des formes habillées tendant vers l’abstraction du mouvement. 

Pour vous en donner un apperçu, c'est ici:



Si vous l’avez raté, il ne vous reste plus qu’à découvrir les spectacles qui vont encore se dérouler dans divers lieux, à Paris et autour, jusqu’au 5 août.

Le programme est ici :
http://parislete.fr/fr/le-programme


Bel été à tous

La Fleur du Dimanche


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