dimanche 10 avril 2016

Vivre et exister: s'ouvrir et sortir de soi, vérifier si c'est la vie...

J'avais annoncé lui acheter des roses, mais finalement celles-ci se sont transformées en tulipes... 
Et les tulipes, comme le disait la fleuriste: "Pas trop d'eau"...
Et la fleuriste a raison.... 
La fleur du jour va voir la chronique d'une existence....


Chronique d'une tulipe annoncée - Photo: lfdd




Chronique d'une tulipe annoncée - Photo: lfdd


Et pour ponctuer l'existence de ce bouquet de tulipes, je vous propose un petit parcours autour du concept d'exister...

Et comme je le disais dans le titre, "Exister, c'est s'ouvrir". Comme les tulipes:


Chronique d'une tulipe annoncée - Photo: lfdd


Mais, à trop s'ouvrir....
Comme le dit Michel Tournier dans "Vendredi ou les limbes du Pacifique":

"Exister, qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire être dehors, sistere ex. Ce qui est l’extérieur existe. Ce qui est à l’intérieur n’existe pas. […] C’est comme une force centrifuge qui pousserait vers le dehors tout ce qui remue en moi, images, rêveries, projets, fantasmes, désirs, obsessions. Ce qui n’ex-siste pas in-siste. Insiste pour exister."


Chronique d'une tulipe annoncée - Photo: lfdd


Et plut tôt, Plutarque disait:
"Il faut vivre et non pas exister."

Cette dichotomie, François Jullien essaie d'en résoudre l'opposition dans son dernier livre "Vivre en existant. Une nouvelle Éthique" qu vient d'être publié par les éditions Gallimard.

Il en parle ainsi:
"Entre ces deux grands termes rivaux, l’être et le vivre, exister est le verbe moderne qui fait lever un nouveau possible. Mais comment décrire l’existence sans plus construire – comme la philosophie l’a fait de l’Être – en s’en tenant au ras du vécu ? Je cherche ici des concepts qui décolleraient le moins de l’expérience : on reste dans l’adhérence au vital ou l’on en désadhère. Car exister, c’est d’abord résister. Sinon ma vie s’enlise ; ou bien elle peut basculer. Elle s'amorce et se résorbe – plutôt qu’elle ait "début" et "fin". Elle reste prise dans le "dur désir de durer" ou bien je peux en émerger. Ou si seul le phénoménal existe, il faudra reconnaître ce qui s’y ouvre de faille (tel le "sexuel") ou qui l'excède : la rencontre de l’Autre. Car si vivre, c’est déjà dé-coïncider d’avec soi (sinon c’est la mort), exister est ce verbe nouveau qui, détaché de l’Être, promeut cette désadéquation en ressource. "Ex-ister", c’est en effet, littéralement, "se tenir hors" – il faudra dire de quoi. Ou comment émerger du monde, mais dans le monde, sans verser dans l’au-delà de la métaphysique? De là se dégage une nouvelle Éthique qui ne prêche pas: vivre en existant."

Comme le dit Roger-Pol Droit dans le Monde des Livres du 8 avril:
"Exister" Le terme suppose en effet de sortir de soi, d'émerger du monde. Il évoque l'exigence de défaire routines, contraintes, adhérences pour dessiner de nouveaux possibles. Ainsi répète-t-on tristement "c'est la vie" quand on se résigne à accepter ses pesanteurs et répétitions. 
Exister suppose exactement le mouvement inverse."

Si vous voulez en savoir davantage sur cette démarche et que vous êtes à Paris le 14 avril, vous pouvez  rencontrer l'auteur lors d'une conférence à 18h00 à Paris à la Fondation Maison des Sciences de l'Homme.

Chronique d'une tulipe annoncée - Photo: lfdd

Pour ce qui est des chansons sur le concept, il y en a peu et peu philosophiques, je trouve.

J'en ai découverte une, bien cachée et pas connue (si quelqu'un la connaissait, faites-moi signe...).

Il s'agit littéralement de "Exister" de Serge Franklin (1968)




Comme les paroles ne sont pas très audible, je vous les offre...

"Vous vous êtes levé, et bien sûr il pleuvait
Vous vous êtes rasé, vous vous êtes coupé
En faisant le café, vous vous êtes brûlé
Exister
Exister
Exister

Une lettre posée là sur la cheminée
Qui semble vous narguer dit qu'elle vous a quitté
Vous froissez le papier entre vos doigts serrés
Exister
Exister
Exister

L'argent vous f'sait marcher dans les rues surpeuplées
Les gens semblent posés sur l'asphalte mouillé
Tout commence à tourner, vous avez la nausée
Exister
Exister
Exister

Vous rentrez vous cacher chez vous un tour de clef
Le miroir étonné vous regarde parler
Dans l'encens la fumée, surtout ne plus penser
Exister
Exister
Exister
Exister
Exister
Exister… 


Chronique d'une tulipe annoncée - Photo: lfdd


Un autre plus sur le mode impératif et plus connue (?), de François Feldman "Existe"






Chronique d'une tulipe annoncée - Photo: lfdd


Sinon, exister semble très très difficile, un grand combat qu'ont essayé de mener et Johnny et Patrick Bruel et "le plus dur reste à faire..."

Patrick Bruel - Pour exister

Et Johnny Halliday:



En voici les paroles:

"J'ai passé tellement de temps à regarder en arrière
A voir passer des gens au regard éphémère
J'ai passé tellement de nuits à courir derrière tout
A courir vers ma vie, pour ne pas devenir fou

A croiser des destins faits de haine et d'ennui

de larmes versées pour rien au milieu de mes nuits
J'ai peut-être joué ma vie sous de drôles de lumières
Mais j'ai toujours pensé que le plus beau reste à faire

Pour exister

Et pour gagner
Toutes les batailles que le temps me force à jouer
Et pour tenir
Malgré le pire
Les poings serrés sans rien dire apprendre à souffrir"



Chronique d'une tulipe annoncée - Photo: lfdd


Pour Marilou, cela ne se conçoit qu'à deux - Exister à deux: 



"Viens t'abandonner, qu'on oublie nos mal d'aimer
Viens, pour oublier qu'on aurait pu se manquer

Malgré qu'on ait jamais eu d'amour

Sans qu'ils nous emprisonne au détour
Malgré qu'on ait jamais cru au jour
Où on serait libre d'exister à deux

Viens t'abandonner dans mon amour sans tomber

Juste ici mon amour
Entre aujourd'hui et toujours"


Chronique d'une tulipe annoncée - Photo: lfdd


Certains se posent la question de l'existence de l'Amour ou de Dieu 


Jean-François Michael Si l'amour existe encore




Claude Dubois - SI DIEU EXISTE:





Brassens de son côté le prend avec humour: 
"Dieu, s'il existe, il exagère,
Il exagère."
Et Maxime Le Forestier lui rend hommage - à Georges, pas à Dieu...

Dieu s'il existe. Le Forestier - Brassens:



"Au ciel de qui se moque-t-on ?
Etait-ce utile qu'un orage
Vînt au pays de Jeanneton
Mettre à mal son beau pâturage ?
Pour ses brebis, pour ses moutons,
Plus une plante fourragère,
Rien d'épargné que le chardon !
Dieu, s'il existe, il exagère,
Il exagère."


Chronique d'une tulipe annoncée - Photo: lfdd

Julie Zenatti a rencontré l'amour:
"L'amour existe encore" - Julie Zenatti / 20 Septembre 





Mais d'autres, comme Joe Dassin se posent la question de la non existence de l'autre:
 Joe Dassin - Et si tu n'existe pas:






Chronique d'une tulipe annoncée - Photo: lfdd


Et Art Mengo nie carrément l'existence de la mer:

"La mer n'existe pas 
Parfois nous la rêvons 
Mais elle n'existe pas 
Ce n'est qu'une intuition.."

ART MENGO - La mer n'existe pas



Et Farruko, celle de l'Amour:

El Amor No Existe - Farruko [Audio Original] [Letra]





Bon Dimanche et existez bien, et surtout vivez et sortez!

La Fleur du Dimanche

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